Procès Messier : la bataille judiciaire débute à fleurets mouchetés

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à New York (Photo : Timothy A. Clary)

[02/06/2010 10:54:50] PARIS (AFP) L’ancien PDG de Vivendi Universal (VU), Jean-Marie Messier, accusé de malversations, et les représentants des actionnaires floués par les pertes du groupe ont entamé mercredi un face à face policé, sans déclarations tapageuses, devant le tribunal correctionnel de Paris.

“J2M”, autrefois raillé pour son goût immodéré des médias, a soigneusement évité la presse à son arrivée au tribunal correctionnel de Paris en début de matinée. Accompagné de son épouse, il a rejoint la salle d’audience par une entrée secondaire.

Il a retrouvé devant la 11e chambre du tribunal les six autres prévenus de ce procès qui commence et doit durer jusqu’au 25 juin : cinq anciens hauts responsables de VU et un cadre d’établissement financier.

Tous ont également opté pour une entrée discrète, choisissant d’ignorer les sollicitations des journalistes.

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ès des anciens responsables de Vivendi. (Photo : Bertrand Langlois)

Les représentants de quelque 300 petits actionnaires de VU, fer de lance de l’action judiciaire contre les dirigeants du groupe, ont profité de l’espace laissé par le silence de la défense, mais sans proclamations vengeresses.

“Nous ne sommes pas là pour mettre la tête de M. Messier sur une pique, nous sommes là pour obtenir une juste réparation de notre préjudice”, a observé Didier Cornardeau, président de l’Appac (Association des petits porteurs actifs), partie civile au procès.

A ses yeux, l’enjeu du dossier va bien au-delà du cas Vivendi : “Ce qui est en jeu, c’est la sécurité des marchés boursiers et celle des actionnaires sur ce marché. Les actionnaires sont prêts à prendre des risques mais pas à être trompés”.

A ses yeux, “les dirigeants des sociétés doivent savoir qu’ils ont des salaires élevés mais nous doivent la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, y compris lorsqu’elle n’est pas bonne à entendre”.

Au début des années 2000, Jean-Marie Messier développait une communication euphorique sur la situation de Vivendi. Le retour à la réalité avait été cruel lorsque les marchés avaient découvert que VU était assommé par une dette de 35 milliards d’euros, entraînant la démission forcée du PDG en juillet 2002.

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épond à la presse au palais de justice de Paris le 2 juin 2010. (Photo : Bertrand Langlois)

L’ancienne star du CAC 40 va devoir répondre de trois chefs de poursuite : diffusion d’informations fausses ou trompeuses, manipulations de cours, abus de biens sociaux.

Costume sombre, cravate rouge, ton posé et expression aisée, Jean-Marie Messier a avancé en fin de matinée les premiers pions de sa défense. Il a justifié la stratégie d’acquisitions tous azimuts de VU au début des années 2000, qualifiée à posteriori par ses détracteurs de “folie des grandeurs”.

“Nous cherchions à nouer des alliances pour développer des contenus et acquérir une dimension internationale”, a rappelé M. Messier.

“Est-ce que cette vision était la bonne ? Aujourd’hui j’y crois toujours et c’est même devenu une réalité”, a-t-il affirmé présentant certains projets du Vivendi de l’époque comme “l’anticipation du Blackberry”.

Pour l’ancien patron de VU, l’exécution de la stratégie du groupe a été freinée par “des erreurs, sans doute” qu’il dit “assumer” mais surtout une succession d’obstacles technologiques, notamment les retards de développement du haut débit.

Jean-Marie Messier et ses co-prévenus ne devraient pas avoir trop de mal à convaincre l’accusation de leur bonne foi : la procureure Chantal de Leyris a d’ores et déjà annoncé qu’elle soutiendrait les réquisitions générales de non-lieu qu’avait prises le parquet à l’issue de l’instruction.

Des réquisitions “fournies, argumentées” mais certainement pas des “réquisitions d’opportunité”, a-t-elle plaidé.