Sommet Afrique – France : Quand l’économique se greffe au politique !

france-afrique-1.jpgComment aider les Etats africains à renforcer leurs dispositifs juridiques pour favoriser les affaires ? Comment faciliter l’accès des entreprises africaines : le rôle de la formation professionnelle, la responsabilité sociale et environnementale des entreprises : une démarche gagnant/gagnant et quelles sources d’énergie pour l’Afrique de demain ? Ce sont là les thèmes des ateliers de travail économiques tenus lundi 31 mai à Nice parallèlement au Sommer franco-africain dont l’agenda comprend pour la première fois une dimension économique. La 25ème édition du sommet France-Afrique -rebaptisé Afrique-France- marque un grand changement avec les autres exclusivement politiques.

Le sommet, premier présidé par Nicolas Sarkozy, qui se tient les 31 mai et 1er juin à Nice, représente, selon ses organisateurs, un rendez-vous capital et une occasion pour les chefs d’Etat et de gouvernements africains (35 au total) d’évoquer avec la France les défis majeurs de l’Afrique au 21ème siècle comme sa place dans la gouvernance mondiale, les défis au développement et la lutte contre le réchauffement climatique.

150 chefs d’entreprise africains et 80 français participent à ce sommet considéré comme une occasion privilégiée pour parler du rôle important de l’entrepreneuriat privé dans le développement du continent. Un sommet patronal a lieu mardi 1er mai. Présidé par Laurence Parisot, présidente du MEDEF (le patronat français), ce sommet comprend des témoignages de 6 présidents de patronats africains sur leurs visions de l’intégration économique africaine. Hédi Djilani, président de l’Union tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA) y participe par une intervention intitulée «Le Maghreb face à la crise, intégration et perspectives».

Le France prend-elle conscience qu’elle est en train de perdre du terrain en Afrique face à la Chine, au Japon et à l’Inde ? Même si les intitulés des ateliers économiques laissent croire que c’est l’Afrique qui a besoin du savoir-faire, de l’expertise et d’une présence plus accrue de la France, il semblerait que le fait de greffer un sommet économique à celui politique aille dans le sens d’une volonté française de regagner le terrain perdu au profit d’autres puissances économiques mondiales. La France a visiblement besoin de l’Afrique et sur un terrain purement économique. D’ailleurs, on s’attend à la clôture du sommet à la proclamation de recommandations issues des ateliers de travail économiques. «La France se sent réellement menacée après avoir négligé son rôle historique dans le continent africain, elle observe la mainmise de la Chine et de l’Inde sur le continent et réalise les périls qu’elle encourt. L’Afrique est une source privilégiée en matières premières et en terres agricoles», explique Ezzedine Saïdane, expert financier qui travaille sur l’Afrique.

L’Afrique représente aujourd’hui l’un des continents appelés à faire le plus de croissance de par le monde, elle recèle des ressources minières et naturelles qui sont acquises à des prix très accessibles par des pays comme la Chine, pays qui est en train de louer des terres agricoles immenses dans le continent pour des périodes allant de 40 à 50 ans. Une nouvelle forme de colonisation ?

Pour représenter la Tunisie, Mohamed Ghannouchi, Premier ministre, Mohamed Nouri Jouini, ministre du Développement et de la Coopération internationale, Hédi Djilani, président de l’UTICA, Tarek Chrif, président du Conseil d’Affaires tuniso-français, Ridha Bouajina, vice-président en charge des relations avec l’Afrique, et Ferid Ben Tanfous, président de l’APTBEF.

L’Afrique ne peut continuer à être la «cinquième roue de la charrette», a souligné le président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso, parlant de la nécessité d’attribuer un siège à l’Afrique au Conseil de Sécurité des Nations Unies. Mais face à cette volonté de s’affirmer en tant que vis-à-vis important à l’ONU, il serait également important de re-réfléchir l’avenir et l’indépendance économiques du continent, qui, à ce jour, n’arrive pas à développer des politiques cohérentes pour des avancées économiques notables.