Tunisie : Nessma sous le feu des médias, à qui la faute?

« Il est quand même impensable que dans le seul pays maghrébin où il existe deux
télévisions privées, l’on soit en bute à autant d’attaques et d’agressivité de
la part des médias. Non pas que nous refusons la critique, une critique
constructive est toujours utile, pour nous permettre de rectifier le tir et nous
améliorer. Nous ne prétendons pas être parfaits et nous sommes réceptifs à tous
ceux qui expriment leurs avis sur nos programmes et notre chaîne, ce que nous
voulons, c’est que les professionnels de la plume prennent en compte des
éléments importants, à savoir la jeunesse de la chaîne, notre courage en tant
que Tunisiens de lancer une télévision maghrébine qui ambitionne de se
positionner en tant que chaîne référence non pas au Maghreb seulement mais
également face à d’autres chaîne reconnues et confirmées dans le monde » a
déclaré Nabil Karoui, PDG de
Nessma.

nessma-art.jpgCe qu’ambitionne Nessma, d’après son fondateur est de rayonner également
ailleurs en y exportant une culture maghrébine faite et produite par des
Maghrébins et en s’imposant comme chaîne de choix pour les millions de
Maghrébins résidant dans les capitales européennes,. « Il est vrai que des
erreurs ont été commises, ce sont les aléas du direct, parfois il y a des
débordements, nous nous en excusons auprès de nos téléspectateurs et nous les
informons que nous avons décidé de passer Ness Nessma en différé, accordez-nous
donc le bénéfice du doute, ne nous jugez pas très sévèrement, le Président de la
République nous a donné sa confiance et nous ferons de notre mieux pour être à
la hauteur de ses ambitions et ceux de nos publics dans tous les pays du Maghreb
».

Le président de la chaîne a promis de mettre de l’ordre dans sa télé et de
sanctionner ceux ou celles, qui, en improvisant, s’oublient. En attendant, les
attaques contre la dernière née des chaînes de télévision dans notre pays ne
discontinuent pas.

Nessma est donc devenue un « cas » dans notre pays où pourtant, le voyeurisme
s’impose de plus en plus à travers les émissions de télévisions, des feuilletons
où, violence, sexe et vulgarité sont devenus les ingrédients appréciés et
hautement recommandés y compris dans des situations où narrativement, ou
documentairement, on n’en a pas besoins. Les producteurs pour leur part,
prétendent avoir des objectifs très « constructifs » à savoir briser,
soit-disant- certains tabous sociaux qui ne doivent plus avoir place dans notre
société. Ils oublient très souvent que ce n’est pas à eux de décider de ce qui
est le mieux pour notre société qui pourrait les inspirer sans devenir la
victime de leur course effrénée vers l’audimat au travers de messages
empoisonnés, orientés, défaitistes et sans aucune portée positiviste ou
utilitariste.

Polémiques et débats au travers des médias sont omniprésents mais est-ce qu’on
pose les questions qu’il faut, est-ce qu’on s’attaque suivant les mêmes critères
et en nous basant sur les mêmes arguments aux télévisions ou aux radios dans
notre pays en toute objectivité ?

Comment expliquer qu’on s’attaque à la « permissivité » et à la liberté de ton
de Nessma, télévision privée alors que l’on épargne d’autres débordements, qui,
au travers de certains feuilletons ou programmes ont choqué plus d’un. Pourquoi
la diffusion à la télévision publique de certains artistes non représentatifs de
notre patrimoine musical et artistique et frisant très souvent la vulgarité,
bénéficie t-il d’un soutien tacite, d’une tolérance « respectueuse » de la part
d’un certain nombre de journalistes ?

Sommes nous tous égaux devant la télé, libres de regarder toutes les émissions
sans être obligés d’en vérifier le niveau, la consistance ou le contenu ? Est-ce
à la télé de se mettre au niveau des publics ? La télé devrait-elle devenir le
lieu du «mal parler», mal communiquer ?

Il ne s’agit nullement de défendre Nessma, il s’agit surtout de mettre tout le
monde sur le même pied d’égalité. Oui il y a des erreurs qui ont été commises
sur cette chaîne, une liberté au niveau du langage qu’on ne devrait pas
s’autoriser et qu’on entend ailleurs. Etre jeune, c’est apparemment être libre
de dire n’importe quoi, comme si la grossièreté est l’apanage des jeunes.

La vulgarité ne doit pas s’inviter chez nous, mais d’un autre côté, il faudrait
peut être commencer à distinguer entre vulgarité de pensée, de présentation, de
scénographie, de personnages, de messages et une certaine ouverture qui se veut
esthétique, provocatrices parfois dépassée par un excès de zèle certes pas
recommandable.