La valeur des Toyota chute : des milliards de dédommagement demandés

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èles Toyota chez un concessionnaire à Hollywwod en Californie, le 10 mars 2010 (Photo : Mark Ralston)

[11/03/2010 16:45:14] CHICAGO (AFP) Confrontés à la chute de la valeur de leurs voitures Toyota, à la réputation très entachée par des rappels à répétition, des consommateurs américains se retournent vers le constructeur japonais en lui demandant des milliards de dollars de dédommagement.

Plusieurs actions en nom collectif ont été lancées ces dernières semaines, réclamant des dommages et intérêts dont le montant global pourrait largement dépasser le coût des poursuites intentées par les victimes d’accidents, où les dommages se chiffrent le plus souvent en dessous d’un million de dollars.

“Cela va être la plus grande action en nom collectif contre un constructeur automobile de l’Histoire”, prédit déjà l’avocat Tim Howard, qui espère pouvoir associer les propriétaires de huit à dix millions de Toyota à la plainte qu’il chapeaute.

En théorie du moins, les propriétaires pourraient recevoir 500 à 1.000 dollars chacun, et M. Howard a expliqué à l’AFP qu’il espérait pouvoir tripler ce montant en prouvant que Toyota avait délibérément caché des défauts de fabrication qu’il connaissait.

“Toyota a sacrifié des vies innocentes qui lui avaient été confiées, au nom du profit et de l’arrogance”, a écrit M. Howard dans une plainte déposée mercredi dans un tribunal de Floride (sud-est des Etats-Unis).

Dans cette plainte, Toyota est accusé d’avoir dissimulé les informations dont il disposait depuis 2002 sur des accélérations soudaines et involontaires et menti aux consommateurs, afin de “minimiser l’impact sur les ventes futures et sur ses bénéficies”.

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évrier 2010 à Daly City, en Californie (Photo : Justin Sullivan)

M. Howard, qui a déjà l’expérience de procédures en nom collectif contre des producteurs de tabac ou de boissons sans alcool, estime qu’au total les dommages et intérêts accordés à la suite de ces poursuites pourraient dépasser les 30 milliards de dollars.

Toyota a refusé à plusieurs reprises de commenter cette plainte. Le constructeur assure que des test rigoureux n’ont révélé aucun problème dans les contrôles électriques, et que les réparations mécaniques réalisées sur quelque six millions de voitures rappelées aux Etats-Unis sont suffisantes.

Pour Tom Baker, un professeur de droit de l’université de Pennsylvanie qui ne travaille pas sur ce contentieux, les dommages seront “faciles à prouver”, vu la chute de la valeur de revente des voitures.

“Il y a une chose qui pourrait beaucoup réduire les dommages, c’est si Toyota trouve le problème et arrive à isoler certains modèles et années en particulier, ce qui réduirait de beaucoup le nombre de véhicules concernées”, dit-il.

Pour Catherine Sharkey, professeur de droit à New York University, M. Howard pourrait aussi avoir du mal à fédérer l’ensemble des plaintes au niveau national – 88 plaintes en nom collectif ont été déjà été déposées, selon M. Howard, et une audience sur leur consolidation est prévue le 25 mars à San Diego (Californie).

Mais quoi qu’il arrive, le coût le plus durable pour Toyota sera dû au flétrissement de son image aux yeux du public, plus facile à impressionner qu’un jury.

“La tache sur la réputation de Toyota, et son impact sur ses ventes futures lui donnent une énorme motivation pour essayer de résoudre ce problème aussi vite que possible, bien plus que toutes les poursuites en justice”, souligne Mme Sharkey.

En février les ventes de Toyota ont chuté de 8,7% aux Etats-Unis, mais elles semblent se reprendre ce mois-ci grâce aux ristournes consenties aux acheteurs, comme des crédits à taux zéro.