Tunisie – Bourse : Pourquoi les PME ne se bousculent-elles pas au portillon du Marché alternatif?

Sur une cinquantaine d’entreprises industrielles retenues, depuis 2005, pour
suivre une assistance technique devant aboutir à leur introduction en Bourse,
seules deux ont été cotées en Bourse : La société d’élevage et d’abattage des
volailles de Téboulba (SOPAT) du groupe Lahmar, plus connue sous le nom
commercial de «M’liha», et Servicom, entreprise spécialisée dans
l’infrastructure des télécoms.

Dans son évaluation de ce marché dans le rapport-cadre de partenariat
stratégique avec la Tunisie 2010-2013, la Banque mondiale estime que ce marché
demeure peu développé en raison de plusieurs contraintes.

La première raison est d’ordre institutionnel. La petite taille du marché
boursier (six fois plus petit que les marchés égyptien et marocain) n’a pas
contribué à l’amélioration de l’attractivité de ce marché. Et pour cause, les
faibles liquidités du marché primaire augmentent le risque de faibles liquidités
au niveau du marché secondaire.

La deuxième contrainte consiste en la persistance d’obstacles entravant la
participation d’investisseurs étrangers.

Son objectif est de faire bénéficier des PME, plombées, jusqu’ici, par un
certain nombre d’insuffisances (petitesse de la taille, non-ouverture du capital
au public, fragilité due à leur création récente, domaine d’activité peu
porteur…), d’un financement à faible coût devant leur permettre de lever de
nouvelles ressources et de consolider, ainsi, leurs fonds propres.

Globalement, les entreprises sélectionnées seront prises en charge par un comité
de pilotage et pourront bénéficier des avantages du Fonds de développement de la
compétitivité (FODEC) à hauteur de 70% des coûts d’introduction, avec un plafond
de coûts ne dépassant pas les 30 mille dinars.

Elles peuvent bénéficier, également, des réformes engagées pour dynamiser
l’activité de la Bourse. Parmi ces réformes, il y a lieu de citer
l’assouplissement apporté aux conditions d’accès à la Cote.

Ainsi, les conditions exigées en matière de bénéfices et de capital minimum ne
seront pas demandées pour la société qui demande l’admission au marché
alternatif.

De même, l’admission au Marché alternatif peut être sollicitée par une société
en cours de constitution par appel public à l’épargne et par toute autre
entreprise dont les titres sont répartis au moins entre 100 actionnaires ou
entre cinq actionnaires institutionnels.

Une condition majeure est exigée de la société admise au Marché alternatif. Elle
est tenue de désigner un “listing sponsor”, qui peut être choisi parmi les
établissements de crédits, sociétés d’intermédiation en Bourse, entreprises
spécialisées en comptabilité ou en finances ou en droit.

Ce listing sponsor est chargé d’apporter à l’entreprise candidate au Marché
alternatif conseil et assistance. Il est également chargé de lui rappeler,
chaque fois que cela est nécessaire, ses obligations en matière de publication
des états financiers et de transparence.

Des établissements ont reçu le feu vert pour exercer ce métier. Le Conseil du
Marché Financier(CMF) avait décidé, le 31 octobre 2007, d’agréer les sociétés
Amen Invest, Mac SA et Tunisie Valeurs pour l’exercice de l’activité de “listing
sponsor”.

Autre nouveauté apportée par le Marché alternatif. Elle consiste en la création
d’un nouveau métier financier, celui du teneur de marché (market maker). Cette
activité est exercée par des sociétés d’intermédiation en Bourse, dont la
mission consiste en l’achat et la vente des titres des entreprises cotées.

Les fonds de placement collectif sont les mieux placés pour identifier dans ce
Marché alternatif une niche pour fructifier leurs investissements.

Dans l’avenir, plusieurs facteurs vont jouer en faveur de ce marché financier.
Avec, notamment, l’adoption prochaine par les banques des règles prudentielles
encore plus stricts et plus rigoureuses et seraient, par conséquent, plus
restrictives en matière d’octroi de crédits. De même, les taux d’intérêts
bancaires, qui seraient plus élevés dorénavant, pousseraient, normalement, les
entreprises à s’adresser au marché financier.

Autres facteurs, la promulgation de la loi sur la sécurité des relations
financières qui fait de la transparence une obligation générale pour les
entreprises cotées et non cotées, la création des fonds communs de placements à
risque (organismes de gestion de portefeuille de valeurs mobilières), fonds
d’amorçage…, autant de mécanismes qui ne manqueront pas, en principe, de booster
ce marché.