Logos de SFR et Bouygues Telecom |
[03/03/2010 12:14:51] PARIS (AFP) Le marché français de l’internet a été bousculé l’an passé par la montée en puissance de Bouygues Telecom, mais surtout de SFR qui pourrait ravir en 2010 la deuxième place à Iliad (Free et Alice), en perte de vitesse.
Sur l’année, SFR a recruté 565.000 abonnés supplémentaires, tandis qu’Iliad, pénalisé par l’intégration d’Alice, racheté en 2008 à Telecom Italia, n’en a gagné que 231.000. Free en a séduit 389.000 et Alice en a perdu 158.000.
Conséquence: SFR, qui a acquis en 2008 le fournisseur d’accès internet Neuf Cegetel, talonne désormais Iliad, avec 4,444 millions d’abonnés, contre 4,456 millions pour son concurrent.
S’il continue ainsi, il pourrait ravir en 2010 la deuxième place à Iliad, position que ce dernier lui avait enlevée en acquérant Alice.
En retrait, la maison mère de Free s’est même vu dépasser ces trois derniers trimestres par Bouygues Telecom, qui n’a commencé cette activité qu’en octobre 2008.
Au dernier trimestre, Bouygues a ainsi gagné 138.000 clients, contre 36.000 pour Iliad (+89.000 pour Free, -53.000 pour Alice), selon les chiffres publiés mardi soir.
“Les consommateurs restants, pour lesquels se battent les opérateurs, ont davantage besoin d’être accompagnés”, a déclaré à l’AFP Edouard Barreiro, de l’association UFC-Que Choisir.
“Alors que les litiges sont assez fréquents dans les télécoms, que les prix ont plus ou moins convergé et que les différences entre les produits ne sont plus énormes, un critère qui fait vraiment la différence est la +hotline+. Je pense que Free le paie beaucoup”, a-t-il affirmé.
Son association reçoit ainsi beaucoup plus de courriers concernant Free, dont la hotline est payante contrairement aux autres fournisseurs, alors même que ce dernier “n’a pas plus de litiges que les autres”.
Autre raison de l’essor de SFR et Bouygues: le croisement des fichiers mobiles et fixes, qui leur permet de proposer à leurs abonnés mobiles des offres internet, et inversement, selon M. Barreiro.
Bouygues profite de surcroît du succès de son offre Ideo, lancée en mai, qui combine téléphonie mobile et “triple play” (internet, télévision, téléphonie fixe), le premier forfait de ce type en France.
Etonnamment, Bouygues, qui ne compte que 311.000 abonnés, a même réalisé fin 2009 des recrutements supérieurs à France Télécom (Orange), tout comme SFR depuis trois trimestres.
“France Télécom est l’opérateur le plus cher. Le consommateur semblait jusque-là assez insensible aux autres opérateurs car ils pensaient avoir mieux chez Orange et donc payer plus pour mieux”, a noté M. Barreiro.
Mais, “ils commencent à se dire qu’ils peuvent avoir aussi bien chez les autres pour moins cher”, a-t-il estimé.
France Télécom domine néanmoins toujours largement le secteur avec 8,9 millions de clients ADSL et 47,8% de part de marché. Et il entend bien ne pas se laisser davantage distancer.
“Notre part de marché de conquête (…) reste faible par rapport à nos attentes et nos ambitions”, a reconnu récemment son directeur financier Gervais Pellissier, précisant que ce sera “un de nos enjeux en 2010”. Orange va ainsi lancer prochainement une offre “quadruple play”.
Selon M. Barreiro, il va sans doute également être obligé de revoir ses tarifs et “de s’aligner sur les autres”.
S’il réfléchit à un éventuel “quadruple play”, SFR ne le considère pas comme “une priorité”, “vu (sa) croissance actuelle”, selon son président Frank Esser.
Il n’entend également pas se lancer dans le “low cost”, comme Numericable ou Alice, qui ont lancé des offres “triple play” à moins de 20 euros.