France Télécom : Richard veut conjuguer réussite économique et paix sociale

[25/02/2010 20:16:42] PARIS (AFP)

photo_1267109648168-2-1.jpg
ôté de son successeur Stéphane Richard lors de la présentation des résultats du groupe, le 25 février 2010 à Paris (Photo : Francois Guillot)

Après une année noire, marquée par une série de suicides de salariés, le nouveau patron de France Télécom Stéphane Richard veut tourner la page en s’entourant d’une nouvelle équipe à la tête du groupe qui a, en revanche, réussi à passer sans encombre le cap de la crise.

A quelques jours de sa prise de fonction officielle, l’ex-numéro deux du groupe a fait sans attendre jeudi ses premiers pas de directeur général en présentant les résultats annuels. Un exercice qui avait valeur de transition, avec la présence à ses côtés de l’actuel PDG Didier Lombard, qui ne conservera que la présidence de l’opérateur à partir de lundi.

La répartition des rôles a d’ailleurs paru évidente: à l’ingénieur télécoms Lombard, dont la gestion du personnel a été jugée trop brutale ces derniers mois, “la définition de la stratégie technologique”. A l’énarque Richard, ancien directeur de cabinet à Bercy, de revenir sur “cette dramatique série de suicides qui a endeuillé l’entreprise”, avec une trentaine de cas en deux ans.

“Une entreprise qui est en crise sociale ne fait pas de bonnes performances économiques: elle peut peut-être le faire à court terme, mais on ne peut pas construire durablement le développement d’une entreprise sur une crise sociale”, a martelé M. Richard.

photo_1267111243917-2-1.jpg
és de France Télécom protestent le 7 octobre 2009 à Strasbourg après la révélation d’une série de suicides d’employés du groupe (Photo : Frederick Florin)

Pour l’instant il est vrai, les résultats sont bons: malgré la crise, le chiffre d’affaires de l’opérateur historique n’a baissé que de 1,9% à 45,94 milliards d’euros par rapport à 2008 et son bénéfice net que de 6,4% à 4,9 mds (à périmètre comparable).

Des résultats en ligne avec les attentes du marché et salués en Bourse où le titre a terminé en hausse de 0,98% à 17,01 euros, dans un marché en baisse de 2,02%.

Dans l’Hexagone, France Télécom continue de dominer les marchés de la téléphonie mobile avec 26,3 millions de clients, et de l’internet avec 8,9 millions d’abonnés ADSL.

Pour continuer sur sa lancée, il va lancer avant l’été une offre “quadruple-play”, combinant internet, télévision, téléphone fixe et mobile, tout en déployant son réseau de fibre optique (internet à très haut débit).

En 2010, il vise un chiffre d’affaires “globalement stable”, misant sur la reprise.

Mais l’essentiel de son travail sera surtout social: “il nous faut maintenant réconcilier performance économique et ambition sociale, tout en préservant notre leadership en matière d’innovation”, a estimé M. Richard.

Au menu, la définition d’un grand projet d’entreprise qui “doit être la feuille de route et l’élément sur lequel on doit pouvoir fédérer tout le groupe”.

Ce projet, qui sera annoncé avant l’été, “a pour objectif de remettre clients et salariés au coeur des préoccupations de l’équipe dirigeante”, dont la composition a été modifiée.

Stéphane Richard a notamment fait appel à trois personnalités extérieures, Christine Albanel, ancienne ministre de la Culture, Pierre Louette, PDG de l’AFP, et Bruno Mettling, de la Banque Populaire, pour l’épauler.

photo_1267110822073-2-1.jpg
Photo du PDG de l’AFP Pierre Louette le 25 juin 2008. (Photo : Jacques Demarthon)

Tandis qu’un programme de temps partiel senior a été adopté, les négociations se poursuivent avec les syndicats sur deux accords, l’un sur la mobilité et l’autre sur l’équilibre vie professionnelle/vie privée, la direction espérant une signature “avant le 5 mars”. Un intéressement additionnel va aussi être versé aux salariés.

En outre, l’opérateur, qui a supprimé des milliers de postes ces dernières années au nom de la rentabilité, “va être en 2010 un des grands recruteurs du marché” avec environ 3.500 embauches, a promis M. Richard.

Une mesure saluée par Sud-PTT, qui craint toutefois que “la rupture avec l’ancienne période (ne soit) pas consommée”.