La micro-entreprise et l’emploi : réponse d’enda inter-arabe

Maryam Omar, journaliste, a publié un article sur le site
internet Webmanagercenter le 9 février sous le titre «
Tunisie : Microcrédits,
un paradoxe dans l’emploi !
». L’article était inspiré de mon éditorial dans
notre bulletin d’information, enda info.

En effet, cet éditorial semble avoir été l’unique source de l’article, sans
autre recherche, et mes propos déformés et utilisés pour dénigrer un secteur qui
rend, malgré ses faiblesses, de grands services dans le monde entier. Doit-on
conclure que la franchise et la transparence ne paient pas?

D’abord, aucun praticien du microcrédit ne l’a présenté comme autre chose qu’un
des outils dans la lutte contre la pauvreté et la précarité. Ceux qui voudraient
voir en lui une panacée permettant de régler le problème de la pauvreté tout en
faisant supporter aux « pauvres » le coût de leur propre « développement »
oublient que l’impact du microcrédit est complexe et n’a pas comme fonction de
résoudre tous les problèmes.

En effet, cette forme de crédit n’est efficace que si elle s’appuie sur d’autres
formes de soutien et en particulier l’accès aux soins de santé et à l’éducation
et d’autres mesures pour s’attaquer aux causes structurelles de l’inégalité et
de la pauvreté, ce qui est le contraire des politiques néolibérales suivies un
peu partout actuellement.

Est-il acceptable dans ces conditions de s’attendre à ce que les
micro-entreprises prennent la relève pour combattre le chômage ? Le microcrédit
soutient l’initiative privée mais la création d’emplois n’a jamais été la
vocation première des institutions de microcrédit.

En ce qui concerne enda inter-arabe, le soutien qu’elle a apporté rien qu’en
2009 (presque DT 100 millions octroyés sous forme de micro-crédits) a permis la
consolidation de 125.000 emplois (les micro-entrepreneurs eux-mêmes) et la
création de plus de 18.000 emplois salariés. Le mérite de cela revient aux
micro-entrepreneurs et dans le contexte actuel, ce n’est pas du tout
négligeable.

L’accès au microcrédit apporte aux populations défavorisées du monde entier des
moyens pour améliorer leurs conditions de vie par leurs propres efforts. Quels «
efforts » font les investisseurs qui ont obtenu une augmentation de la part des
dividendes, devenus excessifs, au détriment des salaires ?

La demande de nos services est très forte et le taux d’expansion d’enda
inter-arabe depuis 2000 dépasse 50% par an pour répondre à cette demande que la
BTS contribue aussi à satisfaire.

S’agissant des conditions d’emploi stigmatisées par le BIT, elles ne concernent
pas uniquement les micro-entreprises mais le secteur informel dans son ensemble.
En l’absence d’enquête, on ne sait pas quelles sont les conditions d’emploi «
micro-entreprise » en Tunisie, pas plus qu’on ne peut affirmer que les PME
assurent, toutes, des conditions de travail décentes. enda inter-arabe, pour sa
part, s’applique à inciter ses emprunteurs, grâce à des conseils adaptés, à
améliorer les conditions d’exercice de leur profession.

Enfin, l’article semble reprocher à enda d’avoir créé des emplois pour des
diplômés. C’est un comble ! Au contraire, nous sommes fiers de contribuer ainsi
à l’effort national de création d’emplois stables et encore plus fiers de
pouvoir remercier les micro-entrepreneurs que nous servons pour leurs efforts
qui rendent cela possible.

Michael P. Cracknell

Secrétaire général, enda inter-arabe