Tunisie – Crise : La BM prédit un resserrement économique dans les pays en développement

«On ne peut malheureusement pas s’attendre à une reprise miraculeuse après une
crise aussi grave, car il faudra des années pour reconstruire les économies et
redresser la situation de l’emploi. Les pauvres seront durement touchés. Les
pays les plus pauvres, qui sont tributaires des subventions et des financements
bonifiés, pourraient avoir besoin de 35 à 50 milliards de dollars de ressources
supplémentaires rien que pour financer les programmes sociaux en place avant la
crise», a déclaré Justin Lin, économiste en chef et premier vice-président de la
Banque mondiale pour l’économie du développement.

Voilà une déclaration qui décrit bien la situation de l’économie mondiale en ce
début 2010. Alors que les espoirs misaient sur une reprise accélérée, le nouveau
rapport de la
Banque mondiale «Global Economic Prospects» dresse un tableau
plutôt grisâtre pour cette année qui commence. Les pays en développement sont
les premières victimes. Le rapport indique qu’au cours des 5 à 10 prochaines
années, l’aversion accrue pour le risque, une réglementation plus prudente et la
nécessité d’adopter des pratiques de prêt moins libérales que pendant la période
d’expansion qui a précédé la crise se traduiront probablement par une
raréfaction et un renchérissement des capitaux destinés à ces pays.

Le ralentissement économique qui a persisté tout au long de l’année 2009 devrait
continuer encore pour l’année en cours. En Tunisie, même si on estime que la
crise a été maîtrisée et n’a affecté que très peu l’économie, que les principaux
indicateurs ont suivi une courbe instable, dénotant le déséquilibre du marché
financier
et du commerce extérieur. En réponse à cette conjoncture, des mesures
exceptionnelles de soutien aux entreprises en difficulté ont été promulgués et
ont été reconduits déjà vers la fin de l’année 2009. Ce qui témoigne que la
crise est loin d’être finie.

«Le resserrement de la conjoncture financière internationale va engendrer une
augmentation du loyer de l’argent, une contraction du crédit et une réduction
des apports de capitaux étrangers pour les entreprises des pays en
développement. Au cours des 5, 6 ou 7 prochaines années, les taux de croissance
observés dans ces pays risquent donc d’être inférieurs de 0,2 à 0,7 point de
pourcentage à ce qu’ils seraient si l’argent était resté aussi abondant et bon
marché qu’avant la crise», a déclaré Andrew Burns, auteur principal du rapport.
Mais que les prévisions sont optimistes pour 2010. Dernièrement, le président de
la Banque africaine de développement a indiqué que la Tunisie sera parmi les
pays africains qui réaliseront un taux de croissance de 5%. Mais le rapport
souligne que, malgré le retour à une croissance positive, il faudra des années
pour éponger les pertes économiques déjà essuyées surtout que quelque 64
millions de personnes supplémentaires seront acculées à la misère (vivant avec
moins de 1,25 dollar par jour) en 2010 à cause de la crise.

Concernant l’investissement direct étranger (IDE), la Banque mondiale indique
qu’une baisse est attendue parce que les sociétés mères seront moins en mesure
de financer le développement de nouveaux produits car leurs coûts d’équipement
vont augmenter. Ceci dit, la part des apports des
IDE dans le PIB des pays en
développement devrait baisser, soit environ 3% contre 3,9% en 2007. Même si
certains observateurs voient dans la crise une opportunité pour ces pays
d’attirer encore plus d’investissements, tirant profit de la volonté de
plusieurs firmes nationales de baisser leurs dépenses par la délocalisation de
leurs activités.

D’ailleurs, en Tunisie, et d’après les chiffres officiels (Agence de promotion
de l’investissement extérieur
), les intentions d’investissement ont augmenté de
16% durant les dix premiers mois 2009. Indiquons, toutefois, que
l’investissement déclaré dans l’industrie a reculé de 13% durant les 12 mois
2009. Pour 2010, on table sur une croissance des investissements qui devraient
atteindre 15.266 MDT, soit 26,5% du PIB et 10% de plus que 2009.
L’investissement direct étranger, à 2.100 MDT en 2009, devrait atteindre 2.400
MDT en 2010.

Les auteurs du rapport concluent que les apports de capitaux étrangers et le
volume des prêts consentis par les banques locales ont augmenté à la faveur de
la forte baisse du loyer de l’argent, contribuant à un accroissement de 30% des
taux d’investissement dans les pays en développement. Plus de la moitié du gain
de 1,5 point de pourcentage enregistré dans le taux de croissance du potentiel
de production des pays en développement est imputable à cette expansion rapide
du stock de capital..