Le football tunisien, la FTF, les grands clubs et les autres…

Le football tunisien, la FTF, les grands clubs et les autres…

football-ftf-2010-.jpgEn Tunisie, l’Etoile du Sahel,
l’Espérance sportive, le Club africain
et le Club sfaxien représentent les clubs les mieux nantis du pays. Grâce à son centre de
formation, l’Etoile du Sahel est passé maître dans la «fabrication» des joueurs
à destination de la vente, suivi par le club sfaxien. La vente d’un joueur peut
atteindre ou dépasser le million de dinars, ce qui représente pour le club des
ressources supplémentaires. Ces pratiques commerciales qui se sont développées
dans notre pays et qui sont destinées tant au marché international qu’au marché
national, engendrent des revenus importants -souvent en devises. Ces ressources
sont-elles réinvesties dans la formation des jeunes footballeurs ?

«Les écoles de football restent assez primaires au niveau de leur concept,
précise Mahfoudh Benzarti, Dr en socio-psychologie sportive, elles ne
comprennent pas d’aménagements spécifiques pour les jeunes selon leurs tranches
d’âges, le staff technique doit également être plus à la page».

Investir dans la formation des jeunes footballeurs est un jargon méconnu par une
grande partie des clubs de football tunisien, ce qui explique une équipe
nationale vulnérable, et, plus encore, des footballeurs qui, hors des frontières
nationales, perdent leurs repères, leurs sens du jeu, leur talent et jusqu’à la
volonté de se battre. Ces jeunes sont les victimes d’une mauvaise formation à la
base, ce sont les laissés pour compte auxquels on exige, arrivés à maturité, des
miracles. Les a-t-on bien encadrés au physique comme au mental ? La question
mérite réponse tout comme une autre, celle de savoir si une partie des
subventions de l’Etat, sensée être consacrée aux jeunes, profite réellement à
eux?

Un bon football, ne serait-ce en définitive qu’une question d’argent, de moyens
matériels et financiers ?

Il est clair que tous les clubs ne sont pas à égalité devant et dans la pratique
d’un sport appelé football. Il y a les puissants et les autres, ceux qui sont
déficitaires saison après saison et qui ont du mal à joindre les deux bouts.
Ceux qui ont les moyens de construire leurs centres de formation et de négocier
la vente et l’achat des joueurs à prix d’or et ceux qui souffrent de ne pouvoir
avoir des joueurs compétents. Ceux qui peuvent se permettre un staff technique
et managérial dédié à l’équipe et ceux qui, faute de pouvoir payer les
spécialistes, se contentent de supporters volontaires. Le monde est injuste.

Un exercice 2008/2009 excédentaire

Le rôle de la FTF serait-il de réduire un peu ces inégalités ? La question est
de savoir si, en tant qu’organisme fédérateur de tous les clubs de football,
elle est aussi capable de créer une synergie créatrice entre associations
sportives et clubs professionnels.

La Fédération nationale considère-t-elle le football comme une activité
économique tenue de répondre à des exigences de rentabilité et qui subit les
règles du calcul économique ? Pour ce, elle doit pouvoir disposer des ressources
financières nécessaires pour assurer au mieux son rôle, en user pour le
développement du jeu footballistique et la mise en oeuvre de stratégies et de
programmes pour le rendre aussi rentable que possible tout en préservant la
beauté du jeu.

Les revenus de la
FTF
proviennent de plusieurs sources et en partie des clubs de
football aeux-mêmes. D’après le rapport financier 2008/2009, les droits
d’adhésion des clubs à la FTF s’élèvent à 294 mille dinars. Les grands clubs de
la première division s’acquittent chacun de 3 mille dinars en tant qu’engagement
de début de saison, ensuite à chaque fois qu’ils jouent un match à domicile, ils
déboursent 4 mille dinars. Un grand club joue en moyenne 13 matchs à domicile,
au bout de la saison, il aurait versé à la FTF 55 mille dinars. Les autres clubs
de divisions inférieures contribuent au budget de la Fédération nationale à
hauteur de 830 dinars par an, d’autres aux moyens limités ne dépassent pas les
250 dinars à l’année.

Les subventions du ministère de la Jeunesse et de l’Enfance, elles, ne sont pas
forcément évolutives au vu du glissement du dinar…De près de 189 mille dinars en
2005/2006, elles ont presque doublé en 2006/2007 pour atteindre plus de 369
mille dinars, elles ont été légèrement augmentées en 2007/2008 à 388 mille
dinars pour retomber à 268 mille dinars en 2008/2009. Est-ce du fait de
restrictions budgétaires en raison de la crise financière ? Selon quelle logique
l’Etat attribue-t-il les subventions ?

Toujours est-il que l’exercice financier de la FTF pour la saison sportive
2008/2009 s’est achevé avec un excédent de près de 148 mille dinars, les revenus
ayant été de 4.243.695,407 dinars et les dépenses 4.095.256,182 dinars.

«D’habitude, la Fédération est déficitaire donc, nous pouvons considérer que cet
exercice est positif», précise Abdelwaheb Derouiche, journaliste sportif au
journal le Renouveau.

Pour revenir aux réalisations des équipes nationales, les revenus ont été de
5.124.880,991 dinars et les dépenses de 4.707.139,424 dinars. Les revenus sont
engendrés par les recettes des matchs, les droits de transmission télévisée, la
publicité et les dotations de l’autorité de tutelle. La Tunisie qui ne s’est pas
qualifiée pour la Coupe du Monde a, bien entendu, perdu près de 10 millions de
dinars de subvention de la part de la FIFA, ce qui représente un manque à gagner
important. Pareille somme aurait contribué à injecter plus de vie au football
tunisien et au renforcement des tissus footballistiques des clubs, grands comme
petits.