Risque de coupure électrique : Bretagne et PACA en première ligne

[15/12/2009 21:24:45] PARIS (AFP)

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électriques non datées, non situées. (Photo : Joel Saget)

Faiblement productrices d’électricité, dépendantes de leurs “importations” et d’un réseau de transport sous-dimensionné notamment en cas de grand froid, les régions Bretagne et PACA sont appelées à réduire leur consommation électrique pour éviter des coupures.

Coup sur coup, Réseau de Transport d’Electricité (RTE) a placé lundi la Bretagne en alerte rouge, mesure qui devrait durer jusqu’à jeudi, puis a mis mardi la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur en alerte orange pour les journées de mercredi, jeudi et vendredi.

Dans les deux cas, RTE, Electricité Réseau Distribution France (ERDF) et les pouvoirs publics appellent à une modération de la consommation électrique entre 17H00 et 20H00, afin d’éviter d’éventuelles coupures de courant. Ce risque a notamment été jugé “réel et imminent” en Bretagne.

Ces deux régions souffrent des mêmes maux: faibles productrices d’électricité, elles dépendent grandement de leurs “importations”, et donc de leur réseau de transport d’électricité relativement sous-dimensionné.

En PACA, la production locale couvre moins de la moitié des besoins régionaux. Une seule ligne très haute tension de 400.000 volts assure la majorité des besoins électriques de la région et dessert en particulier toutes les grandes agglomérations, rappelle RTE, filiale d’EDF, sur son site internet.

Le moindre incident sur ce réseau peut provoquer des coupures très importantes. En novembre 2008 par exemple, un incident sur deux lignes entre Marseille et Nice avait privé de courant 1,5 million de foyers dans le Var et les Alpes-Maritimes.

Le 10 décembre, RTE s’était d’ailleurs félicité d’avoir réalisé 85 millions d’euros d’investissements pour réduire les risques de coupure en PACA, qualifiant de “structurellement fragile” l’alimentation électrique de la région.

Même effet “péninsule” en Bretagne, qui ne produit que 7% de l’électricité qu’elle consomme: un axe à très haute tension à 400.000 volts décrit un arc entre Avranches, Rennes et Nantes. Une ligne double circuit transite ensuite entre Nantes et Brest, et une autre ligne, simple circuit, entre Rennes et Saint-Brieuc.

Sur ces réseaux, la situation devient tendue en période de grand froid, en raison du recours massif des Français au chauffage électrique, encouragé au lendemain de la construction du parc nucléaire hexagonal.

Selon RTE, la France dans son ensemble devrait d’ailleurs frôler son record historique de consommation électrique jeudi.

“En raison des températures exceptionnellement basses prévues pour mercredi (…) le réseau régional de transport de l’électricité pourrait atteindre ses limites de fonctionnement”, ont prévenu RTE, ERDF, l’Ademe et les pouvoirs publics en PACA.

Des délestages, c’est-à-dire des coupures momentanées et ciblées, pourraient avoir lieu, “afin d’éviter une panne électrique plus grave sur toute la région”, ont-ils ajouté.

Fin octobre, RTE avait de manière générale mis en garde contre des risques de coupure d’électricité en cas de froid “intense et durable” en France.

Aux difficultés particulières en Bretagne et en PACA s’ajoutent une production d’électricité nationale actuellement plus faible que lors des hivers précédents, en raison de l’arrêt de nombreux réacteurs nucléaires: 9 d’entre eux, sur un total de 58, étaient arrêtes mardi, selon un décompte de l’AFP.

Pour faire face à ce déficit de production, la France devait importer 5.100 MW d’électricité, soit l’équivalent de la production de cinq réacteurs nucléaires, mardi à 19H00, une situation dénoncée par le réseau associatif Sortir du nucléaire.