Dans les supermarchés, le champagne se vend à moins de 10 euros pour Noël

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à Vertus (Photo : Francois Nascimbeni)

[15/12/2009 07:33:34] PARIS (AFP) Impensable voilà quelques mois, des bouteilles de champagne, boisson consacrée des fêtes de fin d’année, se vendent actuellement à moins de 10 euros en supermarché, un effet de la crise qui a entraîné une chute brutale des ventes.

Partout, la bataille des prix fait rage: chez Carrefour, Leclerc ou les cavistes Nicolas, les étiquettes affichent des remises allant jusqu’à 30%.

“Le champagne qui était à 13 euros l’an passé ou il y a deux ans, vaut aujourd’hui 10 euros”, raconte à l’AFP Sébastien Robert, acheteur de champagne de Leclerc dans l’Est de la France. “On a même des bouteilles à 8,50 euros”, voire “5,30 euros” grâce à une réduction supplémentaire à la caisse, selon lui.

Une évolution totalement à contre-courant des années précédentes, quand les prix du champagne explosaient à des niveaux record, en misant sur le haut, voire très haut, de gamme.

Mais la crise est passée par là et les ventes se sont brutalement écroulées, reculant parfois de 30% voire 60% sur certains marchés à l’export, notamment aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Sur l’ensemble de l’année, la baisse devrait avoisiner “les 12%”, selon le Comité interprofessionnel du Vin de Champagne (CIVC).

Les prix moyens ont suivi le mouvement, pour afficher un recul de “6 à 7% à la fin du premier semestre”, selon Daniel Lorson, porte-parole du CIVC.

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écembre 2008 à Reims (Photo : Alain Julien)

A cela deux explications. D’abord, les négociants avaient accumulé d’énormes stocks ces dernières années et les ont écoulés. “Nous avons un déstockage massif de Tokyo à New York”, explique à l’AFP Paul-François Vranken, président de la célèbre maison Vranken-Pommery.

“C’est une crise des expéditions, et non une crise de la consommation”, affirme-t-il.

En attendant, les maisons de champagne, jusqu’aux plus prestigieuses, ont multiplié les sous-marques pour compenser la baisse des ventes des grandes cuvées, et préserver leur trésorerie en jouant sur les volumes.

“Actuellement, la tendance est au low cost”, constate M. Lorson, du CIVC.

Laurent-Perrier par exemple sent “une demande supérieure en Jeanmaire”, sa marque d’entrée de gamme, témoigne son président du directoire Stéphane Tsassis. “La grande distribution et les cavistes ont plutôt tendance à offrir un produit en ligne avec la crise”, explique-t-il.

“Il y a une nécessité pour certaines maisons de faire des ventes à des prix moins importants pour faire du volume. (…) Quand on a besoin de trésorerie, il faut assurer la fin du mois, ou la fin du trimestre”, justifie M. Vranken.

Concrètement, les “Champenois ont besoin de cash pour payer leur raisin”, résume M. Robert, de Leclerc. Au point de vendre des bouteilles qui, à moins de 10 euros, frisent avec leur prix de revient.

Mais, aux dires des professionnels, le pire est passé et les premiers frémissements sur les marchés à l’étranger se font sentir. “Tous les marchés (…) sont en train de redevenir positifs, on est en train de redémarrer”, affirme M. Lorson.

“La fin d’année redevient pétillante”, plaisante M. Vranken, qui parie sur un retour à la “rareté du champagne” et donc à des prix plus élevés “dans les quatre à cinq mois”, voire à une disparition d’une grande partie des sous-marques de circonstance.

En attendant, le consommateur peut toujours profiter de prix imbattables, d’autant que le champagne bon marché n’a jamais été aussi bon. Les bouteilles mises actuellement sur le marché proviennent en effet de stocks plus anciens que d’ordinaire.