La fille de Liliane Bettencourt, actionnaire principale de L’Oreal, saisit le juge des tutelles

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à Paris (Photo : Patrick Kovarik)

[02/12/2009 20:57:04] NANTERRE (AFP) La fille de Liliane Bettencourt a saisi un juge des tutelles pour obtenir la protection judiciaire de sa mère dans l’affaire des dons accordés par celle-ci à un photographe, une action qui pourrait entraîner la mise sous tutelle de l’héritière et actionnaire principale de L’Oreal.

Cette action retentissante vise à faire reconnaître que Liliane Bettencourt, troisième fortune de France, qui contrôle 30% des droits de vote au sein du leader mondial des cosmétiques, n’est plus en pleine possession de ses moyens et nécessite une protection ordonnée par la justice.

Elle s’inscrit dans le cadre de la procédure engagée depuis fin 2007 au pénal par Françoise Bettencourt-Meyers à l’encontre de l’artiste François-Marie Banier, qu’elle accuse d’avoir abusé d’une faiblesse psychologique de sa mère pour bénéficier de dons approchant le milliard d’euros.

“Tout cela n’a rien à voir avec L’Oreal. Cette procédure vise uniquement à protéger Liliane Bettencourt”, a assuré l’avocat de la demanderesse, Me Olivier Metzner.

Son adversaire, Me Georges Kiejman, voit au contraire dans cette action “une impatience indécente” de la part de la fille, elle aussi membre du conseil d’administration de L’Oreal, “pour prendre un pouvoir qu’elle n’a pas encore totalement”.

Me Kiejman a laissé entendre que sa cliente, qui a toujours réfuté la version d’un abus de faiblesse de M. Banier, “pourrait entreprendre une action en révocation des donations faites à sa fille pour ingratitude”.

Françoise Bettencourt-Meyers, 56 ans, s’est déjà vu accorder par sa mère la nue-propriété de l’ensemble des actions qu’elle possède au sein de L’Oreal, ce qui signifie qu’elle en sera propriétaire au décès de Liliane Bettencourt, âgée de 87 ans.

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ège de la société de cosmétiques l’Oréal à Clichy détenu à 30% par Liliane Bettencourt, le 1er septembre 2004. (Photo : Daniel Janin)

Le fond de l’affaire porte sur les dons faramineux accordés par la richissime héritière de L’Oreal à François-Marie Banier. Ceux-ci ont pris la forme de chèques bancaires, contrats d’assurance-vie ou encore toiles de maître depuis la fin des années 90.

Après avoir déposé une première plainte au parquet de Nanterre en décembre 2007, la fille de Liliane Bettencourt a cité directement l’artiste au tribunal correctionnel pour qu’il y soit jugé du chef d'”abus de faiblesse”, au risque d’un grand déballage concernant l’une des familles les plus riches de France.

Dénonçant une “emprise morale” de l’artiste sur sa mère, elle affirme également dans sa plainte que celle-ci peut parfois “ne pas se trouver en pleine possession de ses moyens”, en raison d’une “affection neurologique”.

Dans son numéro à paraître jeudi, Le Figaro assure s’être procuré la copie d’une lettre que Françoise Bettencourt a fait porter à sa mère mercredi.

Elle y écrit: “A entendre tous les témoignages qui me sont parvenus, je sais dans quelle situation d’isolement et d’emprise on t’a placée. On a voulu te faire rompre avec ta famille et t’éloigner de tous ceux, amis, employés, qui dans ton entourage étaient considérés comme +gênants+. Tout cela et ta santé, bien sûr, m’obligent à réagir, à ne pas me résoudre à fermer les yeux et à laisser les choses en l’état. C’est mon premier devoir de fille”.

Pour sa part, le parquet de Nanterre dirigé par Philippe Courroye a classé le dossier sans suite, estimant qu’il n’y avait pas suffisamment d’éléments susceptibles de démontrer un abus de faiblesse. Mais ce classement ne remet pas en cause l’organisation d’un procès pénal.

Dans le volet pénal de l’affaire, la prochaine audience est prévue le 11 décembre prochain devant le tribunal de Nanterre. Le débat portera alors sur la recevabilité de l’action engagée par Françoise-Bettencourt Meyers, contestée par les avocats de M. Banier et de Liliane Bettencourt, mais aussi par le parquet.