Energie : La Tunisie a enfin son plan solaire

solaire_art.jpgBien nantie déjà en pétrole et en gaz naturel, l’Algérie vient de réussir par le
biais de sa société
New Energy Algeria (NEAL)  un très bel exploit. Celui
de conclure un juteux contrat avec un pool de sociétés allemandes en vertu
duquel NEAL exportera de l’électricité produite par des centrales
thermo-solaires implantées dans le Sahara algérien.

Le coût de la liaison qui sera assurée par un câble long de 3.000 Km est estimé
à 2 milliards d’euros et celui des centrales solaires entre 12 et 18 milliards.
Ces centrales devront fournir 6.000 Mégawatts, soit 7 fois la capacité de la
future centrale nucléaire à usage civil que la Tunisie compte réaliser à
l’horizon 2025.

L’Algérie a été ainsi récompensée pour avoir eu l’intelligence d’être à l’écoute
des changements qui s’opéraient en Europe avec l’avènement des changements
climatiques et de la tendance des Européens à se convertir à des sources
d’énergie durables et inépuisables :
l’éolien et le solaire.

L’intérêt pour ces deux énergies s’explique par leur abondance au sud de la
Méditerranée. Le soleil y est disponible pour produire de l’électricité pour
plus de 4.800 heures par an. Les régions désertiques reçoivent plus d’énergie en
six heures que le monde n’en consomme en une année. Il est également possible
d’installer des fermes de vent sur le littoral de l’Afrique du Nord.

Pourtant, l’option pour les énergies nouvelles n’est pas nouvelle. Le groupe
allemand Siemens, leader mondial dans les champs éoliens off shore et les
centrales avec turbines thermo-solaires, vient de dépoussiérer un projet dénommé
Desertec,
«un projet laissé dans les tiroirs pendant 30 années», selon M. Peter Locher,
président de Siemens AG.

Ce projet se propose de développer l’énergie solaire au Sahara et l’énergie
éolienne sur les côtes nord-africaines. L’objectif est de satisfaire, d’ici
2050, 15 à 20% des besoins de l’Europe en électricité.

La Tunisie prédestinée au solaire et à l’éolien

De par son positionnement stratégique, la Tunisie, forte de la diversité de ses
paysages (Sahara et littoral) et de sa stabilité politique, est en principe
prédestinée à en tirer le meilleur profit en dépit de son engagement dans
d’autres projets de centrales : la centrale nucléaire à usage civil (800 à 900
mégawatts) et celle qui devrait fonctionner au gaz naturel, la centrale de
Haouaria de 1.200 mégawatts que l’Union européenne n’a pas retenu comme projet
prioritaire.

Le PDG de la STEG, M. Othman Ben Arfa, déclarait, en 2008, que la promotion de
l’énergie solaire demeure coûteuse et n’est pas en conséquence une priorité.
Ceci ne l’a pas empêché, en 2009, d’annoncer trois micro – projets
d’investissement dans l’énergie solaire.

Le premier, voire le plus important, consistera en la réalisation, vers 2014, de
la première centrale thermo-solaire en Tunisie. Cette centrale aura une capacité
de 25 mégawatts (c’est bien 25 mégawatts). Le second consistera en la
construction d’un bâtiment pilote STEG économe en énergie et utilisant le
solaire. Le troisième consistera en l’installation, sur la période 2011-2014 de
10 mille kilowatts C de toits solaires photovoltaïques sur 5.000 logements
résidentiels.

L’avènement de nouveaux mécanismes régionaux et internationaux de financement de
l’énergie solaire en Méditerranée a amené la Tunisie à changer d’avis et à
concocter un Plan solaire tunisien (PST).

M. Abdelaziz Rassaa, secrétaire d’Etat chargé de l’Energie renouvelable et des
Industries alimentaires, s’est chargé, le 9 octobre 2009, de le promouvoir, à
Bruxelles, à l’occasion de la tenue d’une conférence ministérielle sur la
coopération dans le domaine des énergies renouvelables entre l’Union européenne,
la région méditerranéenne et les pays du Golfe.

Le PST prévoit la réalisation de 40 projets, dont 17 d’énergie solaire, 3
éoliens, 7 d’efficacité énergétique, 7 de biomasse et 6 études de mise en œuvre
du PST. D’un coût estimé à 2 milliards d’euros soit 3,6 milliards de dinars, ce
plan, une fois concrétisé, permettra d’économiser environ 660 Ktep
additionnelles par an. La quantité de CO2 évitée par ces projets est estimée à
1,3 million de tonnes par an.

Le plan solaire tunisien présente l’avantage d’être éligible aux financements
des différents mécanismes de la coopération internationale. Au nombre de
ceux-ci, figurent le Plan Solaire Méditerranéen (PSM), le Fonds pour
l’Environnement Mondial (FEM) et le Fonds des Technologies Propres, géré par la
Banque mondiale.

Par ailleurs, le plan d’investissement de ce programme de production solaire
dans la région MENA sera finalisé en décembre 2009. Le Fonds pour les
technologies propres (CTF) va contribuer à hauteur de 750 millions de dollars
sous forme de prêts concessionnels pour le développement de projets d’énergie
solaire concentrée (le coût total varie entre 6 et 8 milliards de dollars).

A ces ressources vont s’ajouter celles qui seront générées dans le cadre de la
coopération avec des institutions allemande (GTZ), italienne (MEDREC), japonaise
(JICA), l’Union européenne et le programme des Nations unies pour le
développement (PNUD).

Parallèlement à cette éligibilité, la Tunisie dispose d’une bonne infrastructure
pour transporter dans de bonnes conditions de sécurité et de fiabilité l’Energie
solaire concentrée (ESC), technologie d’énergie propre et peu polluante de
l’environnement.

Cette infrastructure est perceptible, entre autres, à travers le projet Elmed,
projet d’interconnexion visant à intégrer les réseaux électriques tunisien et
italien, et partant, à favoriser l’intégration du marché électrique maghrébin
dans le marché électrique européen.

Ce projet, qui comporte une liaison par câble sous-marin d’une capacité de
transit de 1.000 mégawatts et une centrale électrique de 1.200 mégawatts,
constitue un maillon stratégique pour les projets d’énergies renouvelables,
notamment ceux inscrits dans le Plan solaire méditerranéen (PSM).