Le russe Avtovaz agite le spectre d’une cessation de paiement

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ège du constructeur Avtovaz, le 3 août 2009 (Photo : Str)

[19/10/2009 16:03:01] MOSCOU (AFP) Le premier constructeur russe de voitures, Avtovaz, fabricant des célèbres Lada et dont le groupe français Renault détient 25%, menace désormais de déposer son bilan si ses créanciers ne volent pas à son secours.

“Avtovaz examine quelques variantes de restructuration de sa dette (..) Si ces variantes échouent, il ne nous restera pas d’autre choix”, a déclaré lundi le directeur financier du groupe, Oleg Lobanov, évoquant une possible cessation de paiement.

Le groupe demande notamment aux banques publiques russes VTB et Sberbank – qui comptent parmi ses principaux créanciers – de lui apporter 50 milliards de roubles (environ 1,1 md d’euros) sous forme d’obligations convertibles en actions.

Il aura aussi besoin de lever 42 milliards de roubles (950 millions d’euros) pour financer son programme d’investissements de 2010 à 2014, a ajouté le responsable financier.

Dans la soirée, la direction d’Avtovaz s’est toutefois dite confiante dans l’issue des négociations avec les créanciers.

“Nous sommes convaincus qu’elles aboutiront et que nous n’aurons pas besoin d’en arriver à des mesures de redressement judiciaire”, a assuré le président, Igor Komarov, cité par le service de presse du groupe.

Avtovaz, pris au piège de la crise économique et de modèles vétustes qui souffrent de la concurrence avec les marques étrangères, fait face à des dettes abyssales – 62 milliards de roubles (1,4 md d’euros) – et à des choix difficiles.

Le directeur financier a assuré qu’une cessation de paiement ne signifierait pas la fin de la société – mastodonte automobile hérité de l’URSS – mais lui accorderait un répit pour renégocier ses dettes. “Nous ne parlons pas d’arrêt de la production”, a-t-il souligné lors d’une conférence de presse.

Il s’approche pourtant des conclusions du vice-ministre de l’Industrie, qui a dressé un tableau très noir de la situation à Togliatti (1.000 km au sud-est de Moscou), où se trouve le siège d’Avtovaz, avant d’être démenti par les services du Premier ministre Vladimir Poutine.

Dans un rapport dévoilé jeudi, ce vice-ministre, Andreï Dementiev, affirmait qu’Avtovaz remplit “toutes les conditions prévues par la loi pour une faillite” et suggérait de réduire les effectifs du constructeur à 55.000 personnes, contre environ 100.000 actuellement.

Le président d’Avtovaz a précisé que 21.800 emplois seraient supprimés d’ici à 2012, remettant à l’ordre du jour des réductions d’effectifs que le groupe semblait avoir enterrées ces derniers jours.

Avtovaz aura de nouveau besoin d’une partie de ces salariés lorsque des modèles Renault et Nissan commenceront à être montés sur ses chaînes et que la construction de composants automobiles sera lancée à Togliatti, a assuré M. Komarov.

Le constructeur compte beaucoup sur ces nouveaux mod̬les Рdeux de la marque Renault, un Nissan et deux Lada Рplus conformes aux attentes des consommateurs russes, pour assurer sa survie.

Renault-Nissan et Avtovaz vont devoir investir 240 millions d’euros pour la fabrication de ces cinq modèles à compter de 2012, a estimé vendredi un responsable du constructeur russe.

Le groupe français n’a encore rien annoncé de concret, alors que le Premier ministre Vladimir Poutine lui a demandé avec insistance de participer au sauvetage du constructeur russe, au risque de voir sinon sa part dans Avtovaz se réduire.

“Nous sommes prêts à soutenir Avtovaz”, a toutefois affirmé lundi le PDG de Renault, Carlos Ghosn. “Nous les soutenons avec nos connaissances en management, nous les soutenons avec de la technologie”, a-t-il dit sans plus de précisions.