Plusieurs puissances prêtes à lâcher le dollar comme monnaie du pétrole

photo_1254822843144-1-1.jpg
Des billets de 100 dollars (Photo : Bay Ismoyo)

[06/10/2009 09:54:35] LONDRES (AFP) Les pays arabes du Golfe envisagent, avec la Chine, la Russie, le Japon et la France, de remplacer le dollar dans les échanges pétroliers par un panier de monnaies incluant le yen, le yuan chinois, l’euro, l’or et la future monnaie commune du Golfe, a révélé mardi le quotidien The Independent.

“Des réunions secrètes ont déjà été tenues par des ministres des Finances et des gouverneurs de banques centrales en Russie, en Chine, au Japon et au Brésil, pour travailler à ce projet, qui signifiera que le prix du pétrole ne sera plus coté en dollars”, affirme mardi le quotidien britannique, qui a eu la confirmation de ces informations par des sources bancaires à Hong Kong.

Ces projets “pourraient expliquer en partie la subite envolée des prix de l’or (qui se sont approchés début septembre de records historiques, ndlr), mais ils augurent aussi d’un abandon extraordinaire du dollar dans les neuf prochaines années”, poursuit l’article.

Les Etats-Unis savent que ces réunions ont eu lieu, sans en avoir découvert les détails, et “ils vont certainement combattre cette cabale internationale qui inclut des alliés jusqu’alors loyaux, le Japon et les pays arabes du Golfe”, prédit-il.

En attendant que le dollar soit abandonné, “la monnaie de transition pourrait bien être l’or, selon des sources de banques chinoises”, indique également le quotidien.

Cette transition impliquerait des montants colossaux : Abu Dhabi, l’Arabie saoudite, le Koweït et le Qatar détiennent ensemble une réserve de 2,1 milliers de milliards de dollars, selon the Independent.

Les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) — Arabie saoudite, Bahreïn, Koweït, Qatar, Oman, et Emirats arabes unis — prévoient de lancer une monnaie unique en 2010, qui serait donc représentée dans le panier de devises détrônant le dollar.

Des officiels du Golfe (Qatar et Koweit) ont déjà démenti cette information, selon l’agence Dow Jones Newswires. La Russie a également nié être engagée dans de telles discussions, rapportaient les analystes de Barclays Capital.

“Si ce changement de monnaie de transaction n’est pas impossible, l’article de l’Independent le fait sembler plus imminent qu’il ne l’est réellement”, jugent-ils, ajoutant qu’un “consensus politique serait très difficile à atteindre, surtout à un moment où il y a clairement un manque d’entente sur la coopération entre les pays du CCG”.

Le projet de monnaie commune du Golfe est en effet loin d’être abouti. Deux membres du CCG, Oman, dès 2007, et les Emirats arabes unis en mai, s’en sont déjà retirés. En outre, les pays du CCG ont réussi à s’entendre sur des critères de convergence mais n’ont pas réussi à établir une union douanière.

Cet article intervient alors que le billet vert a multiplié récemment les plus bas sur le marché des changes, affaibli par les spéculations sur la perte de son rôle de monnaie de réserve, l’ampleur de la dette américaine et, plus techniquement, la reprise du carry-trade à ses dépens.