Opel : Berlin s’impatiente et “regrette” que GM n’ait toujours rien décidé

[23/08/2009 15:24:11] BERLIN (AFP)

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à Bochum, en Allemagne, le 3 juin 2009 (Photo : Philipp Guelland)

Le gouvernement allemand a déploré samedi que le constructeur automobile américain General Motors (GM) ait reporté la veille l’annonce d’une décision concernant la cession de sa filiale européenne Opel.

“Je regrette qu’on ne soit pas parvenu hier chez GM à clore le processus de décision, mais j’espère que ce sera bientôt le cas, car il est urgent pour les salariés et pour la situation économique chez Opel que l’on ait une décision”, a déclaré la chancelière Angela Merkel dans une interview à la chaîne de télévision ZDF enregistrée samedi et devant être diffusée dimanche.

“Le plus tôt sera le mieux”, a-t-elle ajouté. “J’aurais souhaité que cela soit hier (vendredi) soir. Maintenant, j’espère que ce sera la semaine prochaine. Chaque jour compte, tant pour les salariés que pour la situation économique”, a-t-elle insisté.

Son ministre de l’Economie Karl-Theodor zu Guttenberg avait réagi plus tôt samedi en disant “regretter que le conseil d’administration (de GM) n’ait finalement pas pris de décision”, alors même que, selon lui, le gouvernement allemand et les Länder (Etats régionaux) ont “fourni à GM toutes les informations nécessaires”.

La direction de GM, qui s’était réunie vendredi soir à Detroit (nord-est des Etats-Unis) pour choisir un repreneur pour Opel, avait finalement annoncé dans un communiqué que la réunion s’était achevée sans résultat. “Aucune décision n’a été prise”, avait simplement annoncé le groupe, dans un communiqué laconique.

Les dirigeants du géant automobile de Detroit, récemment sauvé de la faillite et détenu depuis à 60,8% par le gouvernement fédéral américain, devaient indiquer leur préférence entre l’équipementier automobile Magna, favori des autorités allemandes, et le fonds belge RJH.

GM doit au final émettre une “recommandation” dans un sens ou dans l’autre, mais selon une source proche de GM, cet avis pourrait en fait n’être rendu qu’en début de semaine prochaine.

La fédération Euroda des 4.000 concessionnaires européens d’Opel a elle aussi exprimé sa déception et pressé GM de boucler le dossier, se disant “convaincue” que l’offre de Magna est la meilleure pour Opel, dans un communiqué publié samedi soir.

“Il est vraiment temps maintenant de finaliser ce dossier, dans l’intérêt de toutes les parties concernées”, ont estimé le président d’Euroda Jaap Timmer et le vice-président Albert Still. “Chaque jour de retard dans cette décision peut sévèrement porter préjudice aux affaires des concessionnaires Opel”.

Et “un délai supplémentaire n’est pas acceptable à l’approche de la foire automobile de Francfort et des élections législatives allemandes” en septembre”, ont ajouté MM. Timmer et Still, en disant “exhorter GM à ne plus attendre”.

Berlin espère conclure au plus vite ce dossier qui empoisonne depuis des mois la vie politique du pays, à l’approche des législatives du 27 septembre.

Il y a deux mois pourtant, l’affaire semblait réglée. Le gouvernement allemand avait annoncé en grande pompe avoir choisi Magna, adossé à Sberbank, pour voler au secours d’Opel qui emploie environ 25.000 personnes en Allemagne et était alors menacé par la faillite de General Motors.

Magna et GM avaient même signé une lettre d’intention en ce sens mais n’ont jamais réussi par la suite à finaliser leur accord, ce qui avait permis à RHJ, qui semblait un temps hors course, de revenir en lice.

Jeudi, le gouvernement allemand a proposé d’avancer seul –sans les autres pays européens où Opel est implanté– les aides publiques réclamées par Magna, soit quelque 4,5 milliards d’euros. C’est plus que les 3,8 milliards d’aides réclamées par RHJ.