“Yes we can”, mais sans General Motors, clament les salariés d’Opel

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ée d’Opel manifeste devant la principale usine du constructeur automobile à Ruesselsheim le 26 février 2009 (Photo : Thomas Lohnes)

[26/02/2009 13:56:52] RÃœSSELSHEIM, Allemagne (AFP) “Yes we can”, mais sans General Motors: des milliers de salariés européens du constructeur américain, dont les allemands d’Opel, se sont rassemblés jeudi pour défendre leurs emplois et exiger une séparation d’avec leur maison-mère en déroute.

A 10H30 (09H30 GMT), environ 15.000 d’entre eux, selon les organisateurs, sont sortis de la porte 45 du principal site de production d’Opel à Rüsselsheim (ouest de l’Allemagne), la plupart en tenue de travail, tenant à la main drapeaux du syndicat de la métallurgie IG Metall et pancartes en tous genres.

“Yes we can, mais mieux sans GM”, proclament plusieurs d’entre elles, reprenant le slogan de campagne du président américain Barack Obama.

D’autres actions étaient prévues dans les usines Opel/Vauxhall en Belgique, Grande-Bretagne, Espagne et Pologne, selon le comité d’entreprise. En Suède, les salariés de Saab, autre marque européenne de GM, devaient manifester dans l’après-midi sur le principal site du constructeur, à Trollhättan (sud-ouest).

GM emploie plus de 50.000 personnes en Europe.

“Nous voulons que nos dirigeants nous voient comme des êtres humains… pas des machines qu’on démonte”, explique Marc Rost, 39 ans, dont 18 à l’assemblage chez Opel à Bochum (ouest).

Comme ses collègues, il a “peur”, peur d’une fermeture de site, peur de perdre son emploi. “Tout va sans doute finir dans le chaos total”, lâche Andy, 20 ans, en apprentissage chez Opel, son écharpe noire et blanche d’IG Metall autour du cou.

Mais tous ou presque nourrissent le même espoir: que les marques européennes de GM volent de leurs propres ailes, soit en rompant totalement avec Detroit, soit via une entreprise autonome avec une participation minoritaire de l’américain.

“Les Américains ne nous laissaient pas travailler comme nous voulions. Ils ont complètement loupé l’histoire des voitures propres”, argumente Özcan Genç, 31 ans, salarié à Rüsselsheim. Selon lui, 80% de la crise d’Opel/Vauxhall sont dus à sa maison-mère. Et les 20% restants? “Ce sont nos dirigeants (en Europe) qui ont collaboré” par manque de courage.

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és d’Opel le 26 février 2009 à Ruesselsheim (Photo : Thomas Lohnes)

“Tout l’argent, tous les profits sont partis aux Etats-Unis, et ils l’ont gaspillé”, ajoute Marc Rost. “Opel ne dispose même pas de son propre compte en banque!”, s’exclame Peter Giesser, du comité d’entreprise de Rüsselsheim, son brassard blanc du service d’ordre autour du bras.

Eux sont convaincus que les petites Corsa ou la nouvelle Insignia, plus haut-de-gamme, ont de l’avenir, peu gourmande en carburant et héritières d’une tradition industrielle remontant au 19e siècle.

“Opel, c’est l’histoire allemande”, a d’ailleurs clamé devant la foule Frank-Walter Steinmeier, le ministre des Affaires étrangères et candidat social-démocrate à la chancellerie aux élections de septembre. “Opel ne doit pas mourir”, a scandé de son côté Berthold Huber, chef d’IG Metall.

Mais à une condition: “nous avons besoin d’une solution européenne”, impliquant “au moins cinq pays européens”, selon M. Steinmeier. “Je suis contre toute sorte de nationalisme économique et de protectionnisme”.

Il s’est en revanche abstenu de répondre publiquement à la demande de la direction d’Opel d’une garantie publique ou d’envisager une participation de l’Etat au capital.

A Berlin, la chancelière Angela Merkel a réaffirmé que son gouvernement attendait d’avoir en main un projet de GM, et qu’elle préférait des garanties financières à une prise de participation.

Un plan de sauvetage devrait être présenté vendredi lors d’un conseil de surveillance d’opel. Une réunion est ensuite prévue samedi au ministère de l’Economie avec les quatre Etats régionaux concernés par les sites Opel.