Un milliardaire russe, ancien du KGB, rachète l’Evening Standard

[21/01/2009 18:10:42] LONDRES (AFP)

photo_1232544732608-4-1.jpg
à Londres, le 21 janvier 2009 (Photo : Leon Neal)

L’Evening Standard, seul quotidien du soir payant de Londres, va passer aux mains du milliardaire russe et ancien du KGB Alexandre , a annoncé mercredi le journal, quelques jours après le feu vert au rachat de France Soir par le fils d’un oligarque russe.

Si des grandes fortunes russes ont déjà acquis une série de sociétés en Grande-Bretagne, comme le club de football Chelsea détenu par Roman Abramovitch, c’est la première fois qu’un Russe reprend un quotidien outre-Manche.

La société Evening Press, détenue par M. Lebedev et son fils, Evgueni Lebedev, obtiendra “une part majoritaire” du journal en difficultés financières pour “une somme symbolique”, a annoncé le propriétaire du quotidien, le Daily Mail & General Trust (DMGT), qui conservera une part de 24,9% dans le titre.

L’homme d’affaires de 49 ans, ancien collaborateur du KGB du temps de l’URSS, a réaffirmé mercredi qu’il se garderait d’influencer la ligne éditoriale du titre britannique.

La famille Lebedev est “ravie d’investir dans l’Evening Standard”, a indiqué le milliardaire dans le même communiqué, rappelant son soutien à “une presse libre et indépendante”.

Le journal, fondé en 1827, sera doté d'”un nouveau comité éditorial qui préservera le principe de l’indépendance éditoriale”, assure la maison mère.

La transaction devrait être finalisée en février, selon DMGT, qui précise qu’Alexandre Lebedev deviendra le président du conseil d’administration de la société Evening Standard Ltd.

Martin Morgan, directeur-général de DMGT a estimé que l’accord était “dans l’intérêt (des) employés comme des actionnaires” du quotidien. “Les investissements prévus par M. Lebedev garantissent l’avenir du journal”, a-t-il affirmé.

L’Evening Standard, dont les pertes sont estimées à 20 millions de livres (22 millions d’euros) par an, tire à 287.000 exemplaires.

Il a vu ses ventes se stabiliser en 2008, après une très forte baisse en 2007, due à la concurrence d’un gratuit du soir, The London Paper, publié par le groupe concurrent Murdoch.

M. Lebedev est aussi l’un des propriétaires, avec l’ancien président de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev, de l’hebdomadaire libéral russe Novaïa Gazeta, qui employait la journaliste spécialiste du Caucase assassinée Anna Politkovskaïa.

L’essentiel de la fortune de l’homme d’affaires russe, considéré comme une personnalité relativement indépendante du pouvoir, est constitué par ses participations dans la banque russe NRB, dans des compagnies d’assurances, et d’aéronautique. Il est aussi l’un des principaux actionnaires de la compagnie aérienne russe Aeroflot.

Dans une interview au Guardian publiée la semaine dernière, M. Lebedev avait assuré qu’il n’avait pas l’intention d’interférer dans la politique britannique.

“Mon influence sera proche de zéro”, a-t-il déclaré selon le journal.

Le Guardian assurait par ailleurs que la transaction avait été autorisée par le Kremlin.

M. Lebedev aurait tenté sans succès d’acheter le quotidien britannique de référence The Times, selon le porte-parole du milliardaire. Il aurait également des vues sur un autre quotidien de référence en mauvaise santé financière, l’Independent, selon des rumeurs de presse.

De nombreux hommes d’affaires russes résident dans la capitale britannique même si les liens entre Londres et Moscou se sont fortement refroidis depuis l’empoisonnement criminel de l’ex-agent russe Alexandre Litvinenko en novembre 2006.

Cet accord intervient quelques jours après le feu vert donné par la justice française à la reprise par Alexandre Pougatchev, fils de l’oligarque russe Sergueï Pougatchev, de France Soir, ex-titre phare de la presse française aujourd’hui moribond.