Tunisie – Enseignement supérieur : La retraite à 70 ans, portée d’une décision

Le dernier Conseil des ministres a examiné et adopté, le 7 janvier 2009, un
projet de loi portant des dispositions exceptionnelles relatives à la
retraite des professeurs de l’enseignement supérieur.

Le projet fixe l’âge de la retraite à soixante-cinq ans pour les professeurs
de l’enseignement supérieur et les maîtres de conférences dans les
institutions universitaires et les institutions de recherche scientifique
ainsi que pour les professeurs hospitalo-universitaires et les professeurs
agrégés hospitalo-universitaires.

Le projet prévoit également la possibilité de leur maintien en activité par
décret, jusqu’à l’âge de soixante-dix ans au maximum.

Officiellement, cette rallonge est justifiée par les besoins urgents des
universités tunisiennes, des institutions de recherche scientifique et des
institutions hospitalo-universitaires en professeurs expérimentés pour
l’enseignement et l’encadrement.

Le nombre croissant des institutions universitaires et la tendance du nombre
des étudiants à augmenter crescendo expliquent également cette décision.

Une telle décision ne manque pas d’enjeux pour le pays. Elle pourrait même
être très grave. Elle gagnerait, toutefois, à être accompagnée par une
évaluation objective et sévère du rendement des récipiendaires qui ont eu à
inculquer, durant trois générations, un savoir, faut-il le rappeler, peu
convaincant, et partant, devenu ou moins peu reconnu aujourd’hui à l’échelle
internationale. Pourtant, l’université tunisienne a fêté cette année son
cinquantième anniversaire.

Les promus de l’enseignement supérieur arrivent, de nos jours, sur le marché
du travail sans maîtriser ni l’acte de lire ni l’acte d’écrire, deux
préalables fondamentaux pour la communication et l’expression. La question
qui se pose dès lors est de savoir comment ont-ils fait pour arriver à
décrocher maîtrises, licences, masters et même des doctorats.

En réponse à la dégradation du niveau à l’université, les Tunisiens, toutes
catégories sociales confondues, consentent, aujourd’hui, d’énormes
sacrifices et s’endettent pour envoyer leurs enfants suivre des études
crédibles à l’étranger.

Est-ce utile de rappeler ici deux vérités ? La qualité de l’enseignement
dispensé par l’université tunisienne de laisse plus en plus à désirer. Cette
université tunisienne, dont la qualité de l’enseignement n’est reconnue par
aucune institution internationale. Pis, l’ouverture de cette université sur
le privé n’a pas été accompagnée des résultats escomptés. Car, diverses
sources indiquent que des diplômes auraient été délivrés sans que leurs
bénéficiaires aient assisté à un seul cours.

Espérons que l’ouverture, prochaine, d’universités étrangères dans le pays
contribuera à l’amélioration du niveau universitaire en Tunisie et
dissuadera au moins la sortie de devises à des fins d’études.

Moralité : cette université a besoin d’une réforme profonde à laquelle ne
doivent pas participer ceux qui ont été à l’origine de sa dégradation. Le
recours à un audit international est fort souhaitable ici.

Pour mémoire, la Banque mondiale a donné déjà l’alerte, depuis 2000, et
recommandé un audit de l’enseignement supérieur et des cours dispensés.

In fine, rappelons que l’espérance de vie d’un cours est fixée à l’échelle
internationale à seulement 3 ans. Cette norme est-elle respectée en Tunisie
?

(Nous y reviendrons)