Guerre du ciel pour une Autrichienne : Air France défie Lufthansa à Bruxelles

[11/12/2008 19:27:04] PARIS (AFP)

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à Orly le 15 novembre 2008 (Photo : Jacques Demarthon)

Air France-KLM, candidat malheureux au rachat d’Austrian Airlines, a porté plainte auprès de Bruxelles sur le rachat de la compagnie autrichienne par Lufthansa, nouvel épisode de la guerre que se livrent l’allemande et la franco-néerlandaise pour contrôler le ciel européen.

Cette vente “comporte des éléments d’aides d’Etat nécessitant une enquête approfondie de la part de la Commission européenne”, estime Air France-KLM. Dans son collimateur: l’assurance obtenue par Lufthansa de l’Etat autrichien qu’il épongerait 500 millions de dettes d’Austrian Airlines.

Elle emboîte ainsi le pas à la compagnie irlandaise à bas coûts Ryanair et au petit transporteur autrichien, Robin Hood Aviation, qui avaient déjà annoncé le dépôt d’une plainte auprès de la Commission, en dénonçant une “distorsion massive de la concurrence”.

Cette attaque ne semble toutefois pas inquiéter pour l’instant Lufthansa: “Nous partons du principe que la transaction respecte toutes les conditions légales requises”, a dit un porte-parole du transporteur allemand. Il ne croit pas qu’une telle plainte puisse reporter la reprise d’AUA, prévue au second semestre 2009.

Austrian Airlines a refusé de commenter l’action du transporteur franco-néerlandais, renvoyant à la holding publique ÖIAG, chargée de vendre ses 41,6% détenus par l’Etat autrichien à Lufthansa.

ÖIAG a affirmé: “La vente est conforme aux réglementations européennes et cela a été confirmé plusieurs fois par nombre d’experts indépendants”.

Selon la plupart des observateurs, la plainte portée par Air France-KLM ne devrait effectivement pas remettre en cause l’acquisition de l’Autrichienne par Lufthansa, mais simplement la retarder.

Une façon de mettre des bâtons dans les roues à l’une de ses grandes rivales européennes, dont la gourmandise semble sans fin: le transporteur allemand a en effet annoncé ces derniers mois l’acquisition de la petite compagnie belge Brussels Airlines et sa montée au capital de la britannique BMI (British Midland).

Jusqu’ici Air France-KLM, peu coutumière des plaintes contre des concurrents contrairement à l’irlandaise Ryanair, s’était montrée sereine face à cette frénésie d’achats. Mais Austrian, dans la même alliance aérienne que Lufthansa –Star Alliance–, lui aurait permis une meilleure couverture de l’Europe centrale, où elle est mal implantée.

“Cette plainte est superflue”, a estimé Uwe Weinreich, analyste chez Unicredit Global Research. “Et elle n’est pas vraiment justifiée puisque Air France-KLM a renoncé d’elle-même à Austrian Airlines fin octobre en ne formulant pas d’offre ferme, alors qu’elle figurait parmi les candidats présélectionnés au rachat”, a-t-il ajouté.

Plus compréhensif, un expert français soulignait: “Porter plainte fait partie des réactions normales des perdants. Il se peut qu’il y ait aussi une plainte si Air France-KLM parvient à emporter Alitalia”.

Car les compagnies allemande et franco-néerlandaise s’empoignent également pour le transporteur italien en difficulté. Et cette fois, Air France-KLM a une longueur d’avance.

Mercredi, son PDG, Jean-Cyril Spinetta, avait jugé “fructueuse et constructive” la réunion avec les repreneurs d’Alitalia, la Compagnie aérienne italienne (Cai).

Dans l’édition de jeudi du quotidien économique italien Il Sole 24 Ore, généralement bien informé, Air France-KLM pourrait prendre une participation de 25% dans la nouvelle Alitalia pour 250 millions d’euros.