L’eau au cœur de L’UPM

C’est en Jordanie le 22 décembre 2008 que se tiendra,
finalement, la conférence ministérielle sur l’eau co-organisé par la France et
l’Egypte dans le cadre du « Processus de Barcelone : une Union pour la
Méditerranée ». La dépollution de la mer Méditerranée et la gestion durable des
ressources en eau seront au cœur d’une conférence ministérielle qui aura un
double objectif. Fixer les lignes directrices d’une stratégie de long terme pour
l’eau en Méditerranée, qui devrait être approuvée par les ministres en 2010 et
soumise aux Chefs d’Etat lors du deuxième Sommet envisagé en 2010. Annoncer des
projets concrets cohérents avec cette stratégie en vue de mobiliser les
instances de gouvernance du Processus et les bailleurs de fonds.

En Méditerranée, l’eau est une ressource rare, fragile et
inégalement répartie. La question est largement posée et les avis ne semblent
plus converger vers l’urgence de décisions. Il y va de la sécurité de la région.
Tout le monde semble d’accord pour affirmer que le diagnostic est sombre et que
les actions mises en œuvre à tous les niveaux, restent en deçà de la précarité
de la situation et de l’urgence d’une action commune. Avec L’UPM le dossier de
l’eau est finalement prioritaire. Des efforts d’information, de sensibilisation,
de formation, de coopération veulent se mettre en place. Les réflexions et
actions conjointes se heurtent encore et toujours à des questions d’ordre
politiques.

Cette même conférence devait se tenir les 28 et 29 octobre,
n’a-t-elle pas été reportée en raison de “tensions entre la Ligue arabe et l’Etat
d’Israël ? A ceux qui pensaient « Absence de conviction » ou « incapacité » ou «
manque de volonté politique », cette réunion se veut un élément de réponse.
L’eau plus que jamais, est un enjeu stratégique, voire vitale pour la région.
Les expertises au sujet de « l’or bleu » sont multiples .

Chercheurs, scientifiques, ONG, autorités locales, entreprises se réuniront autour d’une
table, le 21 décembre afin de couvrir l’ensemble des questions et définir les
orientations les plus pertinentes. Les mesures à prendre et grandes actions à
entreprendre sont largement connues et identifiées. Il est juste urgent de
changer les comportements des décideurs et de donner à la question de l’eau
toute l’attention qu’elle mérite en raison de sa dimension économique, sociale
et politique. L’objectif, précise t- on, de cette « ambition politique de haut
niveau est de s’attaquer à des problèmes dépassant les moyens d’action d’un seul
pays ou d’une seule organisation, notamment ceux liés au changement climatique
et aux besoins environnementaux.

D’autre part, deux objectifs chiffrés concernant la préservation de la qualité des eaux, ainsi que la réduction de la
pression sur les ressources en eau par des usages plus économes. Cet objectif
prend toute sa dimension, lorsque l’on ne perd pas de vue que « 90% des pays
partagent leurs ressources en eau avec leurs voisins ». Comme le souligne
Koïchiro Matsuura, directeur général de l’Unesco, en introduction de la
conférence internationale « L’eau pour la paix, la paix pour l’eau », organisée
par l’Unesco, la Fondation Chirac et l’Agence française de développement (AFD).

En 2005, la population méditerranéenne « pauvre » en eau, c’est-à-dire celle des
pays dotés de moins de 1000 m 3/hab/an, s’élève à 180 millions d’habitants, dont
60 millions en situation de « pénurie » (moins de 500 m 3/hab/an). Vingt
millions de Méditerranéens n’ont pas accès à l’eau potable, notamment dans les
pays au Sud et à l’Est. Des estimations prévoient que le nombre de personnes
vivant en situation de pénurie d’eau s’accroîtra à 63 millions d’ici 2025. Selon
un document de l’UMP, 290 millions personnes pourraient se trouver en état de
pénurie d’eau en 2050. Le changement climatique, la croissance de la demande en
eaux agricoles et urbaines, la dynamique démographique, mais aussi le tourisme
ont tendance à aggraver le stress hydrique de la région. La Méditerranée reste
la région du monde qui attire le plus de touristes. Elle concentre 25% du
tourisme international. Dans les années 90, une moyenne de 135 millions de
personnes visitait chaque année les côtes méditerranéennes tous pays confondus.

Ce chiffre pourrait passer à 355 millions en 2025.L’agriculture surtout, se
taille une belle part dans l’équation. C’est en effet le premier secteur
consommateur d’eau. Elle représente 64 % de la demande totale en eau : 45 % au
Nord et 82 % au Sud et à l’Est. Dans de nombreux pays méditerranéens, les
prélèvements en eau approchent le niveau limite des ressources disponibles. Des
pénuries d’eau, conjoncturelles ou structurelles, sont constatées. Selon les
chiffres des Nations unies, plus de deux milliards d’individus dans le monde
sont déjà affectés par les pénuries d’eau. En 50 ans, les besoins en eau douce
ont été multipliés par 6, tandis que la population mondiale était multipliée par
3. L’UPM, qui réunit 43 pays (les 27 de l’UE et 16 de la rive sud de la
Méditerranée), doit d’abord régler non seulement les questions d’organisation et
de gouvernance, mais aussi de financement de ces ambitions. Le problème de l’eau
est absolument vital pour l’ensemble de la région. En attendant l’UPM ; la Mer
Morte, continue de perdre un mètre par an, l’exploitation des eaux du Nil, du
Jourdain, du tigre et de l’Euphrate…attisent toutes les convoitises et font
crépiter les tensions dans la région.