Le plan de relance de 200 milliards d’euros fait débat en Europe

[02/12/2008 06:50:46] BRUXELLES (AFP)

photo_1228155818994-1-1.jpg
ère allemande Angela Merkel le 1er décembre 2008 à Stuttgart (Photo : Oliver Lang)

Les efforts demandés par Bruxelles aux gouvernements européens pour financer un plan de relance de 200 milliards d’euros face à la récession sont accueillis avec prudence par certains pays qui estiment avoir déjà suffisamment mis la main au portefeuille.

“Nous ne participerons pas à une course insensée à des milliards” de dépenses, a prévenu la chancelière Angela Merkel à Berlin, alors que son pays, première économie européenne, est sous pression pour contribuer davantage à la relance de l’activité du continent.

“L’Allemagne a présenté deux paquets” de mesures “soit 31 milliards d’euros sur la table, cela représente 1,2% du PIB”, a renchéri son ministre des Finances Peer Steinbrück, en arrivant lundi à une réunion avec ses homologues de la zone euro à Bruxelles.

“Nous ne devons pas copier ce que font les autres pays, mais nous devons nous coordonner”, a-t-il ajouté.

“Nous avons déjà fait beaucoup”, lui a fait écho son collègue néerlandais des Finances, Wouter Bos, considéré également comme un orthodoxe en matière budgétaire.

La Commission européenne a proposé la semaine dernière aux gouvernements de l’Union européenne de mettre sur pied un plan de relance budgétaire de 200 milliards d’euros, auquel les pays contribueraient à hauteur de 1,2% du Produit intérieur brut européen en moyenne.

Les ministres des Finances de la zone euro lundi, puis ceux de toute l’Union européenne mardi, mènent une première discussion sur ce programme, qui devra être adopté par les dirigeants européens lors d’un sommet à Bruxelles les 11 et 12 décembre.

Mais l’ampleur des montants demandés suscite un débat au sein de l’UE, certains pays comme la Pologne refusant de recourir à l’emprunt pour financer la relance, d’autre comme l’Allemagne n’étant pas prêt à payer pour les autres au motif qu’elle dispose de marges budgétaires plus grandes.

“J’espère qu’ils (les ministres des Finances) vont soutenir le plan” présenté par Bruxelles, a déclaré le commissaire européen aux Affaires économiques Joaquin Almunia, soulignant également que “le résultat de ce plan dépend” fortement “de la coordination” des gouvernements européens.

“Je suis prêt à avoir une bonne discussion”, mais “je m’en tiens aux mesures que nous avons déjà prises”, a prévenu pour sa part le ministre néerlandais des Finances.

M. Bos a fait valoir qu’il avait déjà pris des mesures de soutien à l’économie, pour aider les entreprises ou le secteur financier, de plus de 1% du PIB.

Le montant total de l’effort financier demandé aux seuls Etats –170 milliards d’euros–, qui agrège l’ensemble des mesures déjà annoncées par certains pays ou sur le point de l’être, suscite d’autant plus d’interrogations que Bruxelles s’est gardé de dire quelle devrait être la contribution par pays.

Les petits pays pourront-ils payer moins que les grands? Ceux qui ont davantage de marge de manoeuvre budgétaire, comme l’Allemagne, devront-ils mettre davantage au pot que les autres?

Interrogé pour savoir si ce montant correspondait à l’effort nécessaire, le ministre néerlandais a souligné là encore que “cela dépend de ce que l’on inclut dans la somme”.

“Est-ce qu’il faut annoncer un chiffre aussi élevé la semaine prochaine?” pour l’ensemble du plan de relance européen, lors du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement européens, s’interroge un diplomate européen.

“La Commission a choisi de faire de ce chiffre un élément important, qui a des vertus de visibilité”, mais certains “peuvent penser que cela ne sert pas la crédibilité de la démarche européenne d’additionner des efforts trop disparates”, ajoute-t-il.