Musique : Divergences entre les héritiers sur l’exploitation des oeuvres de l’artiste Hédi Jouini


Par Moncef Mahroug

Unis depuis le décès de
leur père (le 30 novembre 1990) dans la défense de son patrimoine musical
contre toute forme d’exploitation non-autorisée, les héritiers de Hédi
Jouini sont aujourd’hui en désaccord.

Les héritages deviennent parfois des pommes de discorde. On en a encore une
fois la preuve avec la tournure qu’ont prise les relations entre les
héritiers de feu Hédi Belhassine «Jouini». En effet, jusque-là unis dans la
défense du legs musical de leur père, contre les nombreuses tentatives
d’exploitation frauduleuse, ses six enfants (Nébil, Adel, Férid, Afifa,
Naoufel et Samia) sont aujourd’hui divisés. Le «clash» a été révélé au grand
jour par un communiqué publié le 1er septembre 2008, dans un quotidien de la
place.

A la différence d’un premier communiqué publié il y a exactement deux ans,
et parlant au nom de toute la famille, le nouveau ne porte la signature que
de quatre des six héritiers. Ces quatre (Nébil, Adel, Férid, Afifa) y
«informent le grand public et spécialement les artistes, les propriétaires
de maison d’édition et d’enregistrement, les sociétés de production
audiovisuelle, ainsi que les vendeurs de cassettes, CD…, que les œuvres
musicales de feu Hédi Jouini sont protégées par les dispositions de la loi
n°36 du 24/02/1994 relative à la propriété littéraire et artistique».

Sur la base de quoi «toute exploitation ou utilisation desdites œuvres doit
être justifiée par une autorisation préalable sollicitée auprès de
l’Organisme tunisien de protection des droits d’auteur ou auprès de tous les
héritiers réunis, à savoir : Nébil, Adel, Férid, Afifa, Naoufel et Samia».

Plus important encore, ce communiqué s’adresse aussi, indirectement, à
l’autre héritier, Naoufel en l’occurrence, chanteur comme son père.
Evitant une attaque frontale de leur frère, les auteurs du communiqué se
contentent de mettre en garde que «ni M. Naoufel Belhassine ni Mme Patricia
Ferrari ni la société NFB Production ne sont habilités légalement à octroyer
des autorisations d’exploitation des œuvres de feu Hédi Jouini». Il en
découle que «toute autorisation émanant desdites personnes est nulle et sans
effet et susceptible de poursuites judiciaires civiles et pénales à
l’encontre de son détenteur».

Les quatre héritiers agissant de concert se démarquent ainsi de leur frère
Naoufel parce qu’ils viennent de découvrir qu’il avait récemment autorisé,
seul, le chanteur égyptien Mohamed Mounir à interpréter l’une des plus
belles chansons de Hédi Jouini (Taht El Yasmina Fillil). Interpellé par mail
par l’un des quatre héritiers solidaires, le chanteur égyptien avait d’abord
déclaré qu’il n’avait pas sollicité d’autorisation parce qu’il croyait que,
la chanson n’ayant pas de propriétaire connu et faisant partie du folklore
tunisien, il n’était pas tenu de le faire. Mais confronté à la preuve de
l’appartenance de ladite chanson au patrimoine de Hédi Jouini, le chanteur
égyptien a fini par reconnaître que c’est NBF Production, une société créée
par Naoufel Belhassine en France, qui l’a autorisé à la chanter.

L’œuvre de Hédi Jouini, décédé il y a dix-huit ans, étant encore protégée
pour 32 ans, d’autres empoignades risquent de se produire entre ses
héritiers s’ils n’accordent pas leurs violons.