Notre huile d’olive menacée par l’UE ?


Par Mohamed Fateh

Deuxième exportateur d’huile d’olive à l’échelle mondiale, la Tunisie doit
faire face à un train de nouvelles mesures prises par l’Union européenne. Le
17 septembre, la Commission européenne a indiqué que les producteurs
européens d’huile d’olive devront marquer leurs meilleurs crus avec des
labels indiquant clairement leur origine. Histoire «d’éviter que les
consommateurs ne soient induits en erreur».

L’idée étant d’informer précisément les consommateurs de la provenance
exacte de l’huile en bouteille. Les flacons d’huiles de diverses origines,
mélangées, devront donc être étiquetés en conséquence, mentionnant notamment
les pays hors Union européenne, comme la Tunisie, le Maroc et la Syrie.

Une mesure qui risque de toucher de plein fouet nos exportations, dans la
mesure où «1% seulement de la production nationale est mis en bouteille et
vendu sous un label tunisien». C’est en tout cas ce que nous révèle un
article publié dans le journal gouvernemental «La Presse», dans son édition
du 21 mai 2008 (voir


ici
). Ces nouvelles mesures frapperaient donc ainsi 99%
de notre huile d’olive exportée.

Selon une dépêche de Reuters publiée le 17 septembre, l’exécutif européen a
déclaré que «les règles introduites en 2002, d’étiquetage facultatif de ces
huiles, se sont avérées insuffisantes pour éviter que les consommateurs ne
soient trompés sur la véritable origine et les caractéristiques de certains
produits».

Les Européens affirment qu’«en raison de traditions agricoles locales
d’extraction et de mélange, ces huiles peuvent être tout à fait différentes
en termes de goût et de qualité, en fonction de leur origine géographique».
L’huile d’olive Extra Vierge, pressée à froid et issue de la première
pression, représentant en la matière la plus haute qualité, avec un produit
à très faible teneur en acide. Les huiles d’olive vierges comprenant des
quantités d’acide légèrement supérieures.

Après une discussion entre experts de l’Union européenne, la Commission
informera l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de ses intentions de
rendre la labellisation différenciant l’huile d’olive vierge de l’extra
vierge, obligatoire. L’OMC accordera un délai de 60 jours aux principaux
pays partenaires de l’Union européenne (dont la Tunisie fait partie) pour
faire des remarques ou objections. Et à moins qu’un problème ne surgisse,
les nouvelles règles entreront en vigueur en Juillet 2009.

Des éléments qui rendent la valorisation de notre huile d’olive, par des
campagnes de marketing et de merchandising appropriées, particulièrement
urgente. D’autant plus que nos exportations en huile d’olive « pèse »
presque la moitié de nos exportations agricoles. Il s’agit d’une source de
devise appréciable pour le pays, puisqu’en 2007, l’huile d’olive nous a
rapporté 696 millions de dinars (391,5 millions d’euros) avec plus de 173
000 tonnes (sur 180 000 produites), soit 6% du total de nos exportations. La
Tunisie étant le deuxième au monde en terme de surface accordée aux
oliveraies, avec plus de 65 millions d’oliviers.
Conserver notre place est donc de la plus haute importance pour l’économie
nationale.