L’allemand BASF veut s’emparer d’un ancien fleuron suisse de la chimie, Ciba

 
 
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çade de la firme en février 2004 à Paris (Photo : Martin Bureau)

[15/09/2008 14:48:49] FRANCFORT (AFP) L’allemand BASF va participer à la concentration dans le secteur de la chimie, en rachetant un des anciens fleurons suisses, Ciba, fragilisé par la crise et la flambée des prix des matières premières.

Le géant allemand a proposé lundi de payer 50 francs suisses par action, soit une prime de 32% par rapport au cours de clôture de vendredi. L’offre valorise Ciba à 6,1 milliards de francs suisses, soit environ 3,8 milliards d’euros.

La majorité des analystes jugeait raisonnable le prix offert par BASF, qui a pris soin d’obtenir l’accord du conseil d’administration de Ciba. Et ce, même si le groupe de Ludwigshafen (ouest de l’Allemagne) n’a pas encore chiffré le montant des synergies qu’il espère tirer de ce rachat. Les investisseurs voient d’un bon oeil la concentration d’un secteur réputé cyclique.

L’action BASF perdait 3,73% à 36,40 euros vers 11H00 GMT, quand l’indice Dax des valeurs vedettes de la Bourse de Francfort chutait de plus de 4%. A Zurich, le titre Ciba bondissait de 26,32% à 48 francs suisses.

“Dans la phase actuelle de consolidation de l’industrie chimique, le rachat de Ciba offre des avantages clairs face à la concurrence mondiale”, s’est félicité Jürgen Hambrecht, patron de BASF, dans un communiqué. “Cela va compléter notre portefeuille”, a-t-il ajouté lors d’une conférence téléphonique.

Conformément au voeu maintes fois exprimé par son patron, BASF va pouvoir se renforcer dans la chimie de spécialité, en profitant de certaines “activités de niche” de Ciba, notamment dans les plastiques, les revêtements et le traitement de l’eau.

BASF estime qu’il va ainsi passer du quatrième au premier rang mondial pour les additifs plastiques et pour les produits chimiques utiles à l’industrie du papier.

Le groupe, qui a récemment confirmé ses prévisions de croissance pour 2008, profite en fait de la fragilité de certaines sociétés spécialisées, qui peinent à lutter contre le ralentissement de la croissance et la flambée des prix de l’énergie.

Etaient notamment dans le viseur des investisseurs depuis plusieurs semaines deux grands noms de la chimie suisse, Ciba et Clariant.

Fondé à la fin du 19e siècle puis partie prenante à la création du géant Novartis en 1996, Ciba a externalisé à cette époque sa chimie de spécialité. Le groupe a dû annoncer au premier semestre une perte nette de 569 millions de francs suisses (352,8 millions d’euros), contre un bénéfice net de 103 millions un an plus tôt.

“La transaction se base sur un prix juste (…)”, offert “pour surmonter les défis croissants de notre industrie”, a commenté Armin Meyer, le président de Ciba, qui a admis avoir fait des erreurs de gestion au cours d’une conférence de presse à Zurich.

BASF a d’ailleurs promis des restructurations “conséquentes” chez Ciba, passant par des “réductions de postes”, sans en préciser l’ampleur. M. Meyer s’est contenté de rappeler qu’un plan datant de 2006 et portant sur 2.500 emplois allait être poursuivi. Seule, la moitié des postes visés a déjà disparu, selon lui.

L’offre doit être déposée le 1er octobre et la transaction devrait être bouclée au premier trimestre 2009, estime BASF qui a déjà assuré le financement d’une opération entièrement réalisée en liquide. Elle devrait contribuer positivement aux résultats de BASF dès 2011.

En cas de succès, l’allemand confortera sa place de leader mondial de la chimie: l’an passé, il a réalisé un chiffre d’affaires de près de 58 milliards d’euros et Ciba de 4 milliards. Ensemble, ils compteraient 108.000 salariés et plus de 160 sites de production dans le monde.

 15/09/2008 14:48:49 – Â© 2008 AFP