Natixis brade ses actions pour réussir son augmentation de capital

 
 
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ège de Charenton-le-Pont le 11 septembre 2007 (Photo : Joel Saget)

[04/09/2008 16:50:37] PARIS (AFP) La banque française Natixis, enlisée dans la crise du “subprime”, a annoncé jeudi que son augmentation de capital décidée mi-juillet serait réalisée à prix cassé et garantie par un syndicat de banques afin d’assurer le succès d’une opération à l’issue jusqu’ici très incertaine.

Pour combler ses pertes liées à la crise, la filiale des groupes Banque Populaire et Caisse d’Epargne va émettre, à partir de vendredi et jusqu’au 18 septembre au soir, 1,6 milliard d’actions nouvelles pour 2,25 euros par titre. C’est un prix 61% en-deçà du cours de Bourse de mercredi soir.

Par comparaison, la Société Générale avait réalisé son augmentation de capital avec une décote de 40% et Crédit Agricole S.A. de 37%.

Cette émission de titres à prix cassé intervient alors que les analystes doutaient jusqu’alors du succès de la levée de fonds de la plus jeune des banques françaises, d’un montant total de 3,7 milliards d’euros.

Comme ses deux maisons mères, qui détiennent 70% du capital, ont annoncé leur intention d’y souscrire à hauteur de leur participation, Natixis n’aura à lever que 1,1 milliard d’euros environ.

Mais au regard de la chute de l’action (-70% depuis l’introduction en Bourse), les analystes craignaient que les 1,5 million d’actionnaires individuels rechignent à remettre au pot.

Sévèrement frappées par la crise financière, les banques occidentales ont sollicité leurs actionnaires à répétition durant l’année écoulée, subissant parfois des revers. L’augmentation de capital de la banque britannique HBOS, lancée fin avril, n’a ainsi été souscrite qu’à 8,29%.

Deux actionnaires minoritaires de Natixis, notamment les fonds spéculatifs américains (“hedge funds”) Greenlight Capital et Royal Capital Management, avaient en outre exprimé publiquement leur opposition à une opération qu’ils jugent contraire à leurs intérêts financiers.

Cette crainte de voir l’opération échouer a donc conduit Natixis à brader ses actions pour séduire les investisseurs et éviter que les maisons mères ne soient encore obligées de monter au capital.

La banque entend en effet conserver un nombre d’actionnaires minoritaires représentant au moins 30% de son capital, a expliqué jeudi son directeur général, Dominique Ferrero, au cours d’une conférence de presse. “Nous aspirons à ce que nos actionnaires actuels répondent largement présents à l’opération”, a-t-il ajouté.

Pour Pierre Chédeville, analyste chez CM-CIC, la décote “très élevée” devrait en effet garantir le succès de l’appel au marché, d’autant que celui-ci est assuré par un syndicat de banques et par les deux actionnaires majoritaires.

Une douzaine de banques se sont engagées à placer les actions restantes, dont Lazard Frères Banque, Credit Suisse, Merrill Lynch, BNP Paribas, UBS, HSBC, Société Générale, ING, DZ Bank et Intesa Sanpaolo.

Et, en dernier ressort, Banque Populaire et Caisse d’Epargne achèteront les actions qui ne seraient pas souscrites par d’autres investisseurs.

Selon Pierre Chédeville, cette opération va donner à la banque “la solidité financière pour traverser la crise et poursuivre sa réorganisation”.

Natixis a “une capacité de rebond très forte”, a assuré pour sa part Dominique Ferrero.

“Nous rassemblons nos forces pour franchir la haie que constitue l’impact de la crise”, a-t-il déclaré.

Natixis, qui a perdu 948 millions d’euros au premier semestre, a d’ores et déjà annoncé la suppression de 800 emplois en interne et autant parmi les prestataires extérieurs. La banque a par ailleurs dévoilé de nouvelles orientations stratégiques, notamment la réduction de ses activités sur les marchés financiers et un recentrage “sur les métiers les moins volatils”.

Le cours de Natixis a terminé la séance en baisse de 2,40% jeudi à 5,70 euros, dans un marché en baisse de 3,22%.

 04/09/2008 16:50:37 – Â© 2008 AFP