La voiture, nouveau luxe des tunisiens ?


Par Imededdine BOULAABA

En ces temps de grandes vacances, de
grands départs vers les différentes stations balnéaires du pays et du flux
de nos compatriotes installés de l’autre côté de la Méditerranée, les
Tunisiens, peuple rebelle à la contrainte, ne renoncent pas facilement à la
voiture. Mais celle-ci est de plus en plus synonyme de sacrifices sur les
autres postes de dépense en raison de l’envolée vertigineuse des prix du
pétrole dans le monde et de ses répercussions néfastes sur le portefeuille
de larges pans des classes moyennes tunisiennes, fragilisées devant une
facture énergétique revue constamment à la hausse, et obligées d’opérer de
douloureux arbitrages budgétaires.

Depuis le début de l’année, la forte hausse des prix du carburant a déjà
fait évoluer les mentalités et les comportements. Beaucoup de cadres de la
fonction publique et d’autres affiliés à des professions libérales
reconnaissent moins utiliser la voiture que par le passé, au profit d’autres
modes de déplacement moins coûteux, à la porté d’une bourse malmenée par des
échéances sans pitié. D’ailleurs, certains ménages, disposant de deux
véhicules avant la flambée des prix à la pompe, se sont astreints à une
seule, généralement laissée à la disposition de la gent féminine dont le
chantage affectif continue de faire des merveilles et des prouesses, au
grand dam d’un mâle, obligé d’étaler des qualités chevaleresques à tout
crin.

Certes, même parmi ceux qui ont levé le pied, pour les congés d’été, avec
généralement des déplacements fréquents, l’automobile reste le moyen de
transport privilégié. Mais, en majorité, les Tunisiens ont clairement
conscience que leur voiture devient un luxe et qu’il faudra bien se serrer
la ceinture ailleurs durant les vacances, en particulier sur le budget des
loisirs, pourtant creuset des convivialités, des ruées festivalières et des
nuitées bien arrosées, ce qui est un mauvais présage pour un certain type
d’hôteliers ou de restaurateurs, habitués à des saisons estivales où la
frénésie de consommation des vacanciers contribue aux équilibres budgétaires
d’un métier soumis aux caprices d’aléas de toute sorte.

Du coup, par ricochet, même pour des familles tunisiennes nanties, se
situant à la lisière de la classe possédante, c’en est bien fini de «l’achat
plaisir», de la frime et de la vie «low cost» en exhibant la voiture avec
des chevaux en pagaille ; histoire de coller aux impératifs sociaux d’un
gotha financier soucieux d’afficher des signes distinctifs. Car L’heure est
à la vigilance. Quant à leur prochaine voiture, les Tunisiens, dans leur
grande majorité, en raison d’un marché international énergétique en pleine
spéculation, entendent, à l’avenir, rechercher, en priorité, un véhicule
sobre, propre, c’est-à-dire qui consomme le moins possible, dans le but de
faire des économies.

Apparemment, d’après certains chroniqueurs économiques, observateurs avertis
des performances des pays émergeants en Asie, «TATA», marque indienne en
expansion dans le sous-continent, peut faire l’affaire ! Mais là, c’est une
autre affaire !