Economie : Tunisiens, attachez vos ceintures


Par Moncef MAHROUG


Du haut de la
tribune du 5ème congrès du RCD, le président Ben Ali a appelé ses
concitoyens à se mobiliser pour faire face à “une étape nouvelle des plus
délicates”.

 


Si l’annonce par le
président Ben Ali qu’il accepte d’être le candidat du RCD à l’élection
présidentielle de 2009, l’événement le plus important du 5ème congrès du
parti au pouvoir (Tunis, 30 juillet-2 août 2008), a été faite en fin de
discours d’ouverture, c’est probablement pour conclure en apothéose. Par
contre, en réservant à la situation actuelle et aux perspectives de
l’économie tunisienne, thème majeur du discours présidentiel, la place qui
fut la leur, le chef de l’Etat cherchait un autre effet : marquer les
esprits et provoquer une plus grande prise de conscience et, partant, une
plus vaste mobilisation en vue de relever le «défi» sous le signe duquel
le congrès a été place.

 


Certes, placer le
dossier économique en tête des priorités constitue une constante de
l’approche tunisienne d’une façon générale et de celle du président Ben
Ali en particulier. Le fait que, par exemple, la question vitale de
l’emploi figure systématiquement depuis plusieurs années à l’ordre du jour
de tous les conseils des ministres en est une illustration.

 


D’ailleurs, tous les
congrès, à l’exception du premier, en l’occurrence celui du «Salut» (29-31
juillet 1988), dominé par la problématique politique, ont réservé à
l’économie une place de choix. Cette fois, le président Ben Ali est allé
plus loin sur cette voie, de deux manières. D’abord, en abordant la
question de la situation de l’économie en premier et, ensuite, en le
faisant, avec des mots qui, sans verser dans l’alarmisme, mettent en
exergue la particularité et la difficulté du moment actuel et, peut-être,
de l’avenir. En effet, le Président a parlé d’«une nouvelle étape qui est
des plus délicates, eu égard à la conjoncture mondiale actuelle».

 


S’inscrivant dans ce
contexte, la motion économique a rappelé les défis que le pays va devoir
relever au cours des prochaines années : l’emploi, la sécurité
alimentaire, la sécurité énergétique et la poursuite de la modernisation
de l’économie.

 


En somme, le
président Ben Ali a, en quelque sorte, lancé aux Tunisiens un «attachez
vos ceintures», à l’instar du commandant de bord d’un avion dont l’avion
pourrait entrer dans une zone de turbulence à l’ampleur encore difficile à
apprécier. A cette –importante- nuance près que l’invite du chef de l’Etat
se double d’un appel à une plus grande mobilisation en vue de relever le
défi –sous le signe duquel le congrès a été placé- «en comptant sur nos
propres potentialités et sur l’esprit de transcendance et de sacrifice».

 


Dans l’esprit du
président Ben Ali, cette mobilisation est d’autant plus nécessaire que,
cinquante-deux ans après son accession à l’indépendance, et le début de ce
que l’ancien président Habib Bourguiba appelait le «plus grand», en
l’occurrence pour le développement, la Tunisie est à un moment très
particulier de son histoire où elle ambitionne de rejoindre le club des
pays développés, dans une conjoncture internationale qui tend à devenir de
moins en moins favorable. «Les Tunisiens sont en droit (…) d’aspirer à
hisser la Tunisie, au cours de la prochaine étape, au rang des pays
développés», souligne le président Ben Ali.