La BTS et la micro-entreprise : Des mécanismes pertinents, mais…

Une étude d’évaluation des
mécanismes de financement de la micro-entreprise en Tunisie vient d’être
réalisée par une équipe du ministère de l’Emploi et de l’Insertion
professionnelle des jeunes avec le concours de la Banque tunisienne de
solidarité (BTS), et avec l’appui technique de la Banque mondiale.

La mission de la BTS consiste à concourir au développement de la
micro-entreprise par le financement des microprojets initiés par des
promoteurs appartenant aux couches les moins favorisées de la population.

L’étude réalisée avait pour principaux objectifs de :


– évaluer l’effet des mécanismes de financement de la BTS (création de
micro-entreprises et d’emplois et de revenus, participation au
développement régional et insertion des catégories spécifiques) ;
– cerner les faiblesses, les carences et les points forts du dispositif de
financement ;
– cerner les difficultés rencontrées ainsi que les attentes des
promoteurs;
– formuler des recommandations pour améliorer l’efficacité du dispositif
de financement de la micro-entreprise, à renforcer le rôle des structures
d’appui et de formation et à favoriser l’émergence de projets innovants et
l’insertion des diplômés de l’enseignement supérieur.

Il ressort de cette étude que parmi les quelque 23.000 projets ayant
bénéficié d’un financement BTS au cours des années 2000, 2002 et 2004 :


– 62% de la totalité des projets sont en activité (soit 14.000 projets) ;
– Le taux de survie est de 73% pour les projets en extension, celui des
nouveaux projets n’atteint que 60% ;
– Sur les 8.678 projets recensés en arrêt d’activité, au moins 2.300 ne
sont qu’en arrêt momentané.
 

Le taux d’échec est nettement plus élevé au cours des
deux premières années d’existence des projets quelle que soit l’année
d’octroi des crédits.

Le secteur d’activité du projet est un facteur déterminant dans la survie
des projets : les projets initiés dans les secteurs de l’artisanat et des
industries mécaniques et métalliques survivent moins longtemps que ceux
financés dans le secteur de l’agriculture.

La qualification du promoteur est un gage de longévité : lorsque celui-ci
a exercé une profession en relation avec la nature de l’activité du
projet, la durée de vie moyenne de son projet augmenterait de 33,7%.

Dans le cas des projets nouvellement créés, près de 27.000 emplois
comprenant les promoteurs eux-mêmes ont été créés notamment dans les
secteurs des industries mécaniques et métalliques, du bâtiment et services
liés et de l’artisanat.
Quant aux difficultés rencontrées par les promoteurs des projets, l’étude
a permis de s’apercevoir que la majorité des enquêtés, 85%, ont eu des
difficultés depuis la création ou l’extension des projets. Les difficultés
les plus fréquentes se rapportent essentiellement :
 


aux fonds de roulement : parmi les 14.000 projets en activité au moment de
l’enquête, et pour près de 6.200 promoteurs, la difficulté la plus
mentionnée est celle relative à l’insuffisance des fonds de roulement ;
– à la concurrence : elle est plus intense dans les régions les plus
urbanisées où les activités similaires à celles financées par la BTS sont
suffisamment développées ;
– au manque de clients : près de 4.800 promoteurs des projets fermés, soit
55% du total, avaient cité en premier lieu cette difficulté ;
– au loyer élevé ;
– aux prix des matières premières.
La part élevée des projets financés par la BTS et encore en activité
montre que les mécanismes de financement mis en place sont pertinents et
participent activement à la promotion de la micro-entreprise.
 

Il semble toutefois que les projets initiés restent marqués par le faible
volume d’investissements, par leur caractère souvent répétitif et peu
innovateur.

Domaines d’amélioration possibles


– Des investissements plus élevés,
– Un meilleur ciblage des promoteurs en favorisant ceux possédant une
qualification et des antécédents professionnels,
– La priorité aux schémas de financement comprenant dans la mesure du
possible des apports personnels plus élevés,
– Des fonds de roulement mieux adaptés aux spécificités des projets,
– Moins de projets répétitifs dans une même zone géographique, surtout
dans les secteurs sensibles à la concurrence en raison de leur coût fixe
élevé,
– Développer l’information ciblée en direction des jeunes diplômés de
l’enseignement supérieur et d’appuyer par des initiatives de formation à
la création d’entreprises au sein des institutions d’enseignement
supérieur.
 

(Source :
banque mondiale)