L’économie russe en quête d’alternatives au pétrole

 
 
photo_1212928756338-1-1.jpg
ésident russe Dmitri Medvedev lors de l’ouverture du 12e Forum économique à Saint-Pétersbourg, le 7 juin 2008 (Photo : Natalia Kolesnikova)

[08/06/2008 12:51:08] SAINT-PÉTERSBOURG (AFP) L’économie russe s’est métamorphosée en dix ans et marque des points sur la scène mondiale, mais elle doit absolument se désintoxiquer du pétrole et devenir “innovante” pour rester dans la course à long terme, a estimé dimanche un haut responsable russe.

Réunis à Saint-Pétersbourg pour le 12e Forum économique, les milliers de patrons et responsables politiques russes et étrangers ont chaudement applaudi le discours du premier vice-Premier ministre russe Igor Chouvalov, qui a dépeint sans complaisance les nombreuses défaillances de l’économie de son pays.

La veille, le président Dmitri Medvedev avait nommément accusé les Etats-Unis d’avoir provoqué la crise financière mondiale par leur inconséquence et l'”agressivité” de leurs politiques, et suggéré que la Russie pouvait aider le monde à se tirer d’affaire. Mais il n’avait fait que survoler ses faiblesses économiques.

M. Chouvalov, fraîchement promu dans le gouvernement emmené par Vladimir Poutine, a au contraire mis directement le doigt sur les plaies que sont la dépendance envers les hydrocarbures, la démographie défaillante, la propension de l’Etat à envahir tous les secteurs ou encore la “mentalité de retardataires” des Russes.

“Comme dans le sport, la Russie s’est parfois trop impliquée dans l’émulation avec l’Occident”, sans chercher de modèle conforme aux “valeurs russes”, et cela s’est traduit par une modernisation “non durable” ou “superficielle”, a-t-il déploré.

Certes l’économie avance malgré tout à belle allure (8,1% de croissance en 2007), et devrait se hisser à la fin de l’année 2008 au sixième rang mondial, a-t-il souligné, avant d’énumérer tout ce que le nouveau gouvernement entendait réaliser pour faire encore mieux.

Il a en particulier promis de desserrer l’étreinte de l’Etat sur l’économie, par exemple en réduisant le nombre de bureaucrates siégeant dans les conseils d’administration de ses entreprises d’Etat au profit de “professionnels”, et a promis de les convertir à la gouvernance et à la transparence.

Un grand nombre d’entreprises de ce type ont été créées ces deux dernières années dans les secteurs perçus comme les plus stratégiques (aéronautique, chantiers navals, armement, mais aussi pêche ou nanotechnologies, voire même Jeux olympiques de Sotchi en 2014).

Vladimir Poutine avait toutefois rejeté il y a quelques mois l’idée d’un système de “capitalisme d’Etat” et souligné qu’il ne s’agissait que d’une mesure transitionnelle.

Les patrons présents à la conférence n’en ont pas moins salué la déclaration de M. Chouvalov. “L’intervention excessive de l’Etat dans l’économie est l’un des problèmes qui préoccupent le monde des affaires. Nous sommes heureux que ce thème ait été soulevé”, a réagi peu après Alexandre Chokhine, le patron des patrons russes.

M. Chouvalov a aussi relevé que les gigantesques ressources en énergie dont disposait la Russie étaient davantage un “piège” qu’une bénédiction, en dépit des généreuses recettes financières que cela lui garantit.

“L’abondance de matières premières se répercute négativement sur le développement socio-économique du pays”, a déploré M. Chouvalov. “Nous allons lancer un programme pour faire en sorte que cela devienne une locomotive pour la croissance économique et non un frein”, a-t-il ajouté.

Le premier vice-Premier ministre s’est enfin dit certain que les jeunes partant étudier à l’étranger reviendraient ensuite en Russie et contribueraient ainsi à faire d’elle une “économie post-industrielle” et l’un des “centres financiers du monde”.

 08/06/2008 12:51:08 – Â© 2008 AFP