EADS : prolongation de la garde à vue de Noël Forgeard à la Brigade financière

 
 
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ésident d’EADS Noël Forgeard arrive à la Brigade financière à Paris, le 28 mai 2008 (Photo : Bertrand Langlois)

[28/05/2008 19:35:22] PARIS (AFP) L’ancien coprésident d’EADS, Noël Forgeard, a été placé mercredi en garde à vue par les policiers de la Brigade financière dans l’enquête sur des délits d’initiés présumés au sein du groupe européen d’aéronautique et de défense fin 2005 et début 2006.

M. Forgeard, 61 ans, est arrivé en fin de matinée à bord d’une Smart conduite par son avocat, Jean-Alain Michel. Celui-ci en est reparti une demi-heure plus tard sans faire de déclaration.

La garde à vue de M. Forgeard peut durer 48 heures, après une prolongation de 24 heures jeudi matin. Il est ensuite susceptible d’être présenté aux juges d’instruction en vue d’une éventuelle mise en examen.

Un ancien directeur de cabinet de M. Forgeard était également entendu mercredi en garde à vue dans cette affaire.

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ésident d’Airbus Noel Forgeard, le 28 juin 2006 à Paris (Photo : Francois Guillot)

Noël Forgeard est notamment mis en cause dans un rapport de l’Autorité des marchés financiers (AMF), ainsi que plusieurs autres dirigeants du groupe, pour avoir vendu des stock-options attribuées par EADS à un moment où, selon le gendarme de la Bourse, il disposait d'”informations privilégiées” qui lui interdisaient de le faire.

Ces informations concernaient les perspectives financières d’EADS et d’Airbus pour les années à venir, ainsi que des retards à prévoir dans les programmes du très gros-porteur A380 et du futur long-courrier A350.

Selon ce rapport, transmis à la justice le 9 avril, M. Forgeard a cédé, le 17 novembre 2005 puis les 9 et 15 mars 2006, un total de 360.000 actions EADS, provenant de l’exercice de ses stock-options, pour un montant de 4,3 millions d’euros.

Quelques mois plus tard, le 13 juin 2006, Airbus annonçait un retard de six à sept mois du calendrier de livraisons de l’A380. Cette annonce entraînait le lendemain une chute de plus de 28% du cours de l’action EADS.

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Principales dates et principaux chiffres de l’affaire EADS au 2 avril 2008 (Photo : Anibal Maiz)

La révélation de cette affaire avait provoqué la démission de Noël Forgeard de son poste de coprésident exécutif d’EADS trois semaines plus tard.

“Ma culpabilité ne fait aucun doute alors que rien n’est prouvé. Et rien ne sera prouvé car il n’y a rien”, avait soutenu M. Forgeard dans un entretien au Figaro fin octobre 2007, se voyant comme “un bouc émissaire commode”.

La justice a été saisie de cette affaire à la suite de plaintes, notamment d’une association de petits porteurs, l’Appac, qui s’estimait lésée.

Une information judiciaire a été ouverte le 20 novembre 2006 contre X pour “délit d’initié, diffusion de fausses informations et recel sur le titre de la société” et confiée aux juges Xavière Simeoni et Cécile Pendaries.

A ce stade de l’enquête, personne n’est poursuivi sur le plan pénal.

Seize autres dirigeants d’Airbus et d’EADS sont mis en cause par l’AMF parmi lesquels figurent notamment Thomas Enders, alors coprésident exécutif d’EADS et aujourd’hui patron d’Airbus, Jean-Paul Gut, alors directeur général délégué d’EADS ou encore Gustav Humbert, alors coprésident d’Airbus.

Les actionnaires de contrôle d’EADS, les sociétés Lagardère et DaimlerChrysler sont également pointés du doigt par le gendarme de la Bourse.

Dans son rapport, l’AMF estime notamment que tous étaient informés de perspectives financières pessimistes pour le groupe pour les années 2006 à 2008 et à l’horizon 2010, cinq mois avant que ces informations ne soient communiquées au marché.

M. Forgeard, pour sa part, est “formel”: “Je peux affirmer qu’il n’y a pas eu de délit d’initié de la part des dirigeants d’Airbus et d’EADS. J’ai connu toute cette période, je sais de quoi je parle”.

 28/05/2008 19:35:22 – Â© 2008 AFP