Les PME tunisiennes votent pour la Méditerranée


Par Oualid CHINE

98% de patrons tunisiens interrogés par des enquêteurs français sont prêts à
«établir un partenariat privilégié avec des entreprises implantées dans
d’autres pays de l’Union pour la Méditerranée». Et c’est quasiment un
record, puisqu’il n’y a que nos frères algériens à nous précéder avec leur
100% de «oui». Et les Tunisiens sont même prêts à tenter la grande aventure
de la délocalisation. Puisque 80% d’entre eux voudraient «installer tout ou
partie de leur activité dans un autre pays de l’Union pour la Méditerranée».
Les Français, eux, sont nettement plus mesurés, avec un 26% étriqués. Les
Italiens ne feront pas mieux avec leur petit 15%, les Espagnols, eux, en
répondent «oui» à 44%.

 

Les patrons méditerranéens attendent donc, apparemment, la réalisation du
projet de l’Union Pour la Méditerranée sur des charbons ardents. Qu’ils
soient européens ou maghrébins, les patrons des PME du Bassin méditerranéens
s’enthousiasment. C’est en tout cas ce qu’il ressort d’un sondage réalisé
par Ipsos, à la demande d’une institution française, la Confédération
générale des petites et moyennes entreprises (CGPME).

 

Si les ambitions des uns et des autres sont parfois divergentes, les
résultats de l’enquête, publiés le 15 mai, sur le fond, laissent aussi
transparaître un intérêt commun. Pour les besoins de la cause, 933 patrons
de PME ont été interrogés, dans des secteurs aussi divers que l’industrie,
le commerce, les services et la construction. Des sociétés qui ont pourtant
pour point commun d’employer entre 1 et 250 salariés. L’enquête a clairement
ciblé la Méditerranée «centrale», constituée par les 6 pays : la Tunisie,
l’Algérie, et le Maroc pour la rive sud. Côté nord, on a questionné des
patrons français, bien sûr, mais aussi espagnols et italiens.

 

Pour les Européens, le plus important est de fonder une Chambre de Commerce
et d’Industrie consacrée à l’Union Pour la Méditerranée. C’est même le
premier souci des Européens, toute nationalité confondue. Pour les
Maghrébins, c’est une autre paire de manche. La première préoccupation des
patrons tunisiens est d’organiser des rencontres commerciales et de mises en
réseau avec des partenaires potentiels. 26% de nos patrons ont ainsi voté
pour la multiplication de ces forums commerciaux.

 

La deuxième priorité pour les hommes d’affaires tunisiens est de «mettre en
place un crédit d’assurance export», ils sont 20% à avoir opté pour cette
idée. Mais 19% de nos patrons veulent aussi de la Chambre de Commerce
méditerranéenne, demandée par leurs homologues européens. Il est intéressant
de noter que le profil esquissé par les réponses de nos hommes d’affaires
ressemble plus à celui des Européens qu’à ceux de nos frères Maghrébins.
Parce que 83% des Algériens et 37% des Marocains «votent» plutôt en faveur
de «la création d’une banque méditerranéenne d’investissement». Un objectif
qui ne recueille les faveurs que de 14% des Tunisiens.

 

L’enquête révélera aussi le besoin en termes de «soutien à la création
d’entreprises» dans tous les pays (40% des patrons Tunisiens interrogés
réclament cet appui, et 46% des Marocains). Les Français et les Algériens
constitueront les exceptions, puisqu’ils préfèrent l’harmonisation fiscale.

 

Le sondage offrira aussi son lot de surprises. 53% des patrons tunisiens
considèrent ainsi que «les moyens mis en œuvre dans leur pays pour garantir
la transparence financière sont aujourd’hui suffisants», pour utiliser les
mots de cette étude. Les Européens, eux, sont 67% à trouver que la
transparence en question laisse beaucoup à désirer dans leurs pays
respectifs.