[03/04/2008 23:10:24] PARIS (AFP) Un fonds public chinois est entré au capital de Total, un mouvement qualifié de “positif” par le groupe pétrolier français, mais qui pourrait raviver des inquiétudes sur ces outils d’investissements d’Etat, aux intentions parfois obscures. Un “fonds public chinois est entré au capital de Total. Il a pris graduellement position depuis quelques mois”, a-t-on appris jeudi auprès de Total, qui n’a pas précisé s’il s’agissait de la compagnie publique chinoise d’investissement China Investment Corporation (CIC). Ce mouvement n’a pas été présenté comme hostile par le groupe privé. Il s’agit d’un “message positif pour le groupe”, car “les fonds souverains placent leurs liquidités dans des actifs rentables et de long terme”, s’est félicité une porte-parole de Total. En outre, cette prise de participation a été précédée par des “discussions régulières” entre le groupe pétrolier et ce fonds public, a-t-elle souligné. L’arrivée d’un investisseur chinois chez Total pourrait en outre ouvrir des portes au français en Chine, où il emploie 4.000 personnes. “Cela accroît la diversification du capital de Total et sa visibilité en Chine”, a reconnu le groupe français. Total a pour principal partenaire en Chine Petrochina, filiale cotée du premier producteur de gaz chinois China National Petroleum Corp (CNPC), avec laquelle il a conclu en 2006 un accord pour l’exploration et la production d’un champ gazier dans le nord du pays, ainsi qu’un accord d’achat et vente de gaz. Le français opère aussi avec Petrochina une raffinerie à Dalian (nord), et est partenaire de Sinochem, quatrième groupe pétrolier chinois, pour la construction de stations service. Le fait que la Chine investisse dans une société occidentale est qualifié de “bonne nouvelle” par un grand investisseur européen, car “les sous qu’on leur laisse pour leurs produits reviennent chez nous”. Reste à savoir si ce fonds participera activement à la stratégie de Total voire entrera à son conseil d’administration, se demande cet investisseur. Total n’a pas voulu dire quel pourcentage d’actions le fonds détenait.
Le Groupe Bruxelles Lambert, du financier belge Albert Frère, reste “toujours le premier actionnaire” de Total, avec 3,9% du capital, a assuré le groupe pétrolier. Avec la Compagnie nationale à portefeuille, détenue aussi par Albert Frère, ce dernier contrôle 5,3% du capital de Total. Il n’est cependant pas exclu que le fonds chinois étende sa participation. La part des actionnaires asiatiques dans Total “va monter”, a-t-on ajouté au sein du groupe, car “l’Asie est en pleine croissance”. Au 31 décembre, le capital de Total était détenu à 88% par des investisseurs institutionnels (d’Amérique du Nord à 29%, de France à 21%, du Royaume-uni à 14%, du reste de l’Europe à 21% et du reste du monde à 3%), à 8% par des actionnaires individuels et à 4% par des salariés. Or plusieurs responsables gouvernementaux se sont récemment inquiétés des intentions de ces fonds, soupçonnés d’être utilisés à des fins politiques. Opérant seuls et en dehors des règles de contrôle qui s’imposent traditionnellement aux acteurs de marché, ils ont été créés par des Etats d’Asie ou du Golfe, pour investir leurs revenus provenant de l’excédent de leurs balances des paiements ou de leurs immenses recettes pétrolières. Pour redorer leur image, la Banque mondiale les a invités à investir 1% de leurs actifs, évalués à 3.000 milliards de dollars, dans un mécanisme d’aide à l’Afrique. Le Fonds monétaire international va de son côté les surveiller de plus près. |
||||
|