Finance : nos banques sont encore –un peu- malades, mais elles se soignent bien

Finance : nos banques sont encore –un peu- malades, mais elles se soignent
bien

«Un développement positif
et un pas important vers les objectifs fixés pour 2009». M. Taoufik Baccar
est heureux. Quand il regarde dans le rétroviseur ou lorsqu’il scrute
l’horizon, le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie est tout à fait
satisfait des performances du secteur bancaire –tant durant l’année écoulée
que pendant la décennie 1997-2007- et de ses perspectives.

 

Le «patron» des banquiers
l’a clamé haut et fort, lundi 31 mars 2008, lors d’une rencontre avec la
presse, avec à la clef quelques chiffres pour appuyer ses propos. A
commencer par ceux de la contribution des banques à l’économie (crédits et
participations) et qui ont augmenté en 2007 –à 9,8%-, après avoir baissé au
cours des trois précédentes années (8,9% en 2004, 8,8% en 2005 et 7,1% en
2006). Même progression positive pour ce qui est des indicateurs financiers
du secteur bancaire. D’abord, le taux de créances accrochées est passé de
19,3% en 2006 à 17,3% en 2007 et a baissé de plus de douze points en dix ans
(29,9% en 1997). Ensuite, le taux de couverture des créances accrochées a,
lui aussi, enregistré une évolution positive de 48,5% en 2006 à 54,5% en
2007 –venant de 47% dix ans plus tôt. Enfin, le taux de créances accrochées
net a baissé de 10,9% en 2006 à 8,7% en 2007, contre 18,4% en 1997.

 

Le gouverneur de la BCT
est également confiant pour l’avenir, puisque convaincu que les objectifs
que le pays s’est fixé dans ces trois domaines –respectivement des taux de
15%, 70% et 5%- seront atteints à la date annoncée, à savoir 2009, et même
probablement un an en avance pour le premier d’entre eux, c’est-à-dire le
taux de créances accrochées. Et ces bons résultats, insiste M. Taoufik
Baccar, ne sont pas imputables «au transfert de créances aux sociétés de
recouvrement et à l’effacement de certaines d’entre elles» -deux procédures
utilisées à hauteur de 130 millions de dinars seulement.

 

Visiblement énervé par de
récentes comparaisons à l’échelle du Maghreb qui ont fait apparaître la
Tunisie plus mal lotie que d’autres pays de la région dans ce domaine, M.
Taoufik Baccar martèle : «Les créances accrochées sont un concept qui
diffère d’un pays à un autre. En Tunisie, la méthode retenue pour apprécier
la situation est très prudente et globale, puisqu’elle prend en compte
toutes les créances sans exception». Ce qui n’est pas le cas des autres
pays, ajoute le gouverneur de la Banque centrale.

 

Néanmoins, le gouverneur
de la BCT relativise un tant soit peu l’ampleur des performances du secteur,
lorsqu’il révèle qu’à ce jour 5 banques seulement sont parfaitement à jour
sur les trois paramètres d’appréciation de la situation en matière de
créances, et que neuf autres le sont sur le premier (le taux de créances
accrochées). Ce qui veut dire que neuf autres banques, soit plus du tiers de
l’ensemble (23 au total), sont encore en retard sur les trois critères.


M.M.