Quelles formes pour l’investissement culturel?

Par : Autres

Par Imededdine Boulaâba

Les subventions du ministère de la culture et de la sauvegarde du
patrimoine, le mécénat, le sponsoring ou le parrainage sont à la fois un
atout et un enjeu de taille pour l’ensemble de la communauté artistique du
pays qui apprécie diversement l’intervention du capital dans la création
culturelle.

 

Le sponsoring :

 

Il s’agit là d’une action ponctuelle et limitée dans le temps et l’espace ;
elle consiste à aider l’artiste dans son entreprise publicitaire, (affiches,
spot à la T.V…) et à promouvoir son spectacle dans les meilleurs conditions
possibles. L’apport financier du sponsoring demeure limité mais contribue
efficacement à propager, avant le show par exemple, une atmosphère
d’assurance et de certitude autour de l’artiste. L’aspect promotionnel de
l’intervention cantonne le capitaliste dans sa sphère matérielle sans
interférer dans la production culturelle ; ce qui permet au créateur de
conserver son indépendance et de demeurer l’unique responsable sur le plan
esthétique.

 

Le parrainage :

 

Il s’agit d’un sponsoring étendu à tous les aspects de la production
artistique. C’est un contrat qui stipule l’engagement du « parrain » (un
capitaliste) à financer son « poulain » (l’artiste) dans les moindres
détails de la création culturelle obtenant ainsi l’exclusivité de la
commercialisation. C’est là où le mécénat s’arrête puisque les investisseurs
potentiels sont ici à la recherche du profit immédiat. « Le parrainage
serait un bon support à la production artistique, affirme le poète Adam
Fathi, si l’artiste était en mesure d’imposer son indépendance, ce qui est
improbable en raison de l’affairisme effrénée de certains hommes d’affaires,
insiste notre interlocuteur ».

 

« L’idéal, renchérit Raouf ben yaglane, comédien humoristique notoire,
serait un parrain-mécène investissant de l’argent dans l’intention de
réaliser des profits tout en respectant la liberté de l’artiste et sa vision
de l’action culturelle ». Finalement, l’inclusion de l’art dans le circuit
commercial implique une vigilance de tous les instants et le véritable
travail intellectuel ne doit en rien céder au goût général de la société.

 

Le mécénat :

 

C’est le cœur, le cœur du riche qui est extraordinaire ou, qui le devient
lorsque l’amour de l’art en fait son trône. Car si le don transfigure le
cœur, il devient en même temps le meilleur placement qu’on puisse faire. La
mentalité et la réflexion du mécène sont radicalement différentes de celles
du sponsor ou du parrain puisqu’il ne pense pas en termes d’investissement
ou de profit. Traditionnellement, c’est dans les pays anglo-saxons que le
mécénat est solidement implanté faisant partie de l’univers culturel de ces
contrées nordiques. En Tunisie, c’est M. Tahar Soula qui a excellé dans ce
domaine ; totalement désintéressé, il a aidé plusieurs talents potentiels
sans rien attendre en retour mais il a fini par s’exiler en France.
Généralement, les mécènes préfèrent la discrétion car il s’agit pour eux
d’une activité bénévole fondée sur l’amour de la culture et de l’art.