Alitalia : “marges de manoeuvre inexistantes”, selon Spinetta

 
 
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Le PDG d’Air France-KLM Jean-Cyril Spinetta, le 9 janvier 2008 à Rome (Photo : Alberto Pizzoli)

[19/03/2008 19:42:26] ROME (AFP)
Les marges
de manoeuvre sur la proposition de rachat par Air France-KLM
d’Alitalia sont “inexistantes ou très faibles”,
a déclaré mercredi le PDG de la compagnie
franco-néerlandaise Jean-Cyril Spinetta, lors d’une
conférence de presse à Rome.

“Ce n’est pas une négociation classique. Les marges
de manoeuvre, compte tenu de la situation et du processus,
sont inexistantes ou très faibles”, a-t-il déclaré.

“Le soutien des salariés passe évidemment par
un accord de manière majoritaire des syndicats. Si ce
soutien n’existe pas, il sera très difficile pour Air
France de s’engager dans une opération dans ces
conditions”, a ajouté M. Spinetta.

Avant cette conférence de presse, Air
France-KLM et les syndicats d’Alitalia affichaient mercredi
leur pessimisme sur la possibilité d’aboutir à un
accord au lendemain d’une première rencontre qui s’est
achevée sur un constat de forte divergence.

Le patron de la compagnie franco-néerlandaise,
Jean-Cyril Spinetta, estimait que “l’accord est en
péril” tout en ajoutant qu’il avait “encore
confiance”. Air France-KLM exige le feu vert des
syndicats d’Alitalia avant le 31 mars pour lancer son offre
sur la compagnie italienne au bord de la faillite.

Mais les organisations syndicales ont très mal accueilli
le plan présenté par M. Spinetta et ont émis
“un jugement très critique sur la rencontre”,
dans un communiqué commun.

Le projet d’Air France-KLM prévoit la suppression de
1.600 postes –sur les 10.000 actuels de l’activité
transport aérien– , et la reprise de seulement une
partie d’AZ Servizi, le pôle maintenance et
administration d’Alitalia qui emploie 8.300 salariés.
Les syndicats craignent près de 7.000 suppressions de
postes au total.

“Les bases de la proposition sur le périmètre
de la compagnie, sur l’emploi, la flotte et le calendrier de
la négociation rendent difficile l’hypothèse d’un
accord et même la poursuite de la discussion”, ont
averti les syndicats.

Ils demandent en particulier des garanties sur le maintien du
périmètre de la compagnie, les investissements et
sur l’emploi.

Une nouvelle convocation leur a été
adressée pour jeudi à 09H00 (08H00 GMT) avec les
dirigeants d’Alitalia et de Fintecna, la holding publique
qui chapeaute les activités de maintenance, a-t-on
appris de source syndicale.

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Manifestation de salariés d’Alitalia devant la direction de la compagnie aérienne le 18 mars 2008 à Rome (Photo : Filippo Monteforte)

La
convocation ne fait pas mention de la présence de M.
Spinetta. Le président d’Air France-KLM était
reçu en milieu de journée à la
présidence du Conseil italien avant une rencontre avec
la presse à 16H00 (15H00 GMT) à Rome.

De son côté, le ministre de l’Economie, Tommaso
Padoa-Schioppa a mis en garde contre la tentation de refuser
l’offre d’Air France-KLM qui conduirait selon lui la
compagnie à la faillite.

“Tout peut arriver. Je suis le chauffeur d’une ambulance
qui fonce pour conduire un malade au seul hôpital qui a
bien voulu l’accepter. Je conduis le plus rapidement que je
peux mais il est possible que je n’arrive pas à temps
car il y a des feux rouges qui me ralentissent…”, a
déclaré le ministre au Corriere della Sera.

Le Trésor italien, qui gère les 49,9% de l’Etat
dans la compagnie italienne, a donné son feu vert lundi
soir à la reprise par le groupe franco-néerlandais.

Mais le débat sur le destin d’Alitalia provoque des
dissensions y compris au sein du gouvernement
démissionnaire de Romano Prodi.

Le ministre de la Solidarité sociale, Paolo Ferrero, a
reconnu que le sujet avait donné lieu à de
“vifs échanges” lors du conseil des ministres
de mercredi.

Outre la question de l’emploi et l’avenir d’AZ Servizi, la
classe politique s’inquiète de l’avenir de
l’aéroport de Milan-Malpensa où Alitalia va
réduire de deux tiers ses vols dès la fin mars
avant l’arrêt programmé de l’activité cargo
en 2010.

La maire de Milan, Letizia Moratti, menace de maintenir sa
demande de dommages-intérêts contre Alitalia, ce
qui entraînerait l’abandon du projet de reprise par Air France-KLM.

 19/03/2008 19:42:26 – © 2008 AFP