La Fed de New York et JP Morgan vont renflouer la banque Bear Stearns

 
 
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Le siège de la banque américaine Bear Stearns, à New York (Photo : Mario Tama)

[14/03/2008 22:23:02] WASHINGTON (AFP) L’une des banques d’affaires les plus prestigieuses de Wall Street, Bear Stearns, a dû appeler à l’aide la banque centrale américaine pour obtenir un financement d’urgence, ses liquidités s’étant évaporées devant l’intensification des rumeurs de faillite.

L’argent nécessaire, dont le montant n’a pas été précisé, sera apporté par la banque de Réserve fédérale (Fed) de New York – l’intermédiaire entre la banque centrale et les marchés – à la banque commerciale JPMorgan, qui le prêtera à son tour à Bear Stearns, selon des communiqués publiés vendredi.

Cette facilité est accordée pour une durée initiale de 28 jours. Bear Stearns pourra tirer sur cette ligne de crédit selon ses besoins.

Bear Stearns et JPMorgan compte profiter de ces quatre semaines pour mettre au point un financement permanent ou trouver “d’autres alternatives”, ce qui pourrait signifier la fin de l’indépendance de la banque d’affaires fondée en 1923.

La nouvelle a eu un effet désastreux sur l’action Bear Stearns (-47,37% à la clôture de New York, à 30,00 dollars), le marché y voyant la confirmation d’une crise de liquidité aigüe pour la banque, qui vient s’ajouter à l’effondrement du fonds coté Carlyle Capital cette semaine.

Les trois grandes agences financières ont fortement abaissé les notes de Bear Stearns: 3 crans chez SP à BBB, 4 crans chez Fitch à BBB et 2 crans chez Moody’s à Baa1.

SP s’est inquiétée de “la capacité de Bear Stearns à générer des revenus récurrents”, Fitch a souligné “le profil de risque accru” et Moody’s a déploré une solution de court terme, plaidant pour “une solution de stabilisation de longue durée”.

Mercredi, le directeur général de Bear Stearns, Alan Schwartz, avait laissé espérer que son établissement serait bénéficiaire au premier trimestre, en dépit de la prolongation de la crise sur les marchés financiers mondiaux. Il avait à nouveau démenti les rumeurs de problèmes de liquidités.

“Notre bilan ne s’est pas affaibli”, avait-il assuré.

Mais vendredi, il a dû reconnaître que la situation s’était “détériorée significativement” au cours des 24 dernières heures. “Nous avons pris cette décision importante pour restaurer la confiance du marché, pour renforcer notre liquidité et pour nous permettre de continuer normalement nos opérations”, a ajouté M. Schwarz.

Bear Stearns a aussi souligné qu’il n’était pas certain que les “alternatives stratégiques” mentionnées dans le communiqué de JPMorgan se concrétisent.

La nervosité des marchés sur la situation de Bear Stearns se comprend d’autant plus que cette banque a donné le coup d’envoi à la crise du “subprime”, en annonçant en juin que deux de ses fonds d’investissements devraient faire l’objet d’une recapitalisation, pour 1,6 milliard de dollars.

Mais depuis, la banque avait semblé limiter les dégâts. Contrairement à nombre de ses rivales, elle était parvenue à rester bénéficiaire en 2007, même si ses profits avaient chuté de 89% à 233 millions de dollars.

Séparément, Bear Stearns a annoncé vendredi avancer à lundi la publication de ses résultats trimestriels.

Le mois dernier, le président de la Fed, Ben Bernanke, avait estimé que l’intensification de la crise pourrait pousser quelques petites banques régionales à la faillite. Mais il avait exclu qu’une grande banque de Wall Street puisse connaître un tel sort.

Vendredi, la Fed a dit avoir ratifié “à l’unanimité” le sauvetage de Bear Stearns, et elle s’est engagée à fournir les liquidités nécessaires au marché pour faciliter “son fonctionnement harmonieux”.

Les interventions aussi directes et publiques de la Fed sont plutôt rares.

En 1980, la Fed avait poussé un consortium bancaire à débourser 1,1 milliard de dollars pour renflouer le courtier Prudential Bache. Fin 1998, la Fed de New York avait également convoqué les patrons des plus grandes banques de Wall Street pour une injection de 3,5 milliards dans Long Term Capital Management, un fonds spéculatif dont la faillite menaçait le système financier mondial.

 14/03/2008 22:23:02 – © 2008 AFP