Bruxelles met en garde contre un échec des négociations à l’OMC

 
 
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Le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson participe au Forum de Davos en Suisse, le 26 janvier 2008 (Photo : Fabrice Coffrini)

[29/02/2008 15:15:04] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne a mis en garde vendredi contre un échec des négociations du cycle de Doha à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), alors que de nombreux pays européens s’opposent catégoriquement à toute nouvelle concession agricole de l’UE.

“Je crains maintenant que Doha ne soit confronté à un grand risque d’échec – le premier échec de l’histoire dans un cycle de négociations commerciales multilatérales”, a déclaré le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson dans un discours prononcé au Lesotho et diffusé par ses services à Bruxelles.

S’exprimant devant les ministres du Commerce des Pays les moins avancés, il a souligné que les principales victimes de cet échec seraient les pays pauvres, qui devaient pourtant bénéficier de ce cycle dit “de développement”.

“Nous sommes face à la dernière opportunité pour trouver un accord”, a continué le commissaire.

Mais “de glissements de calendrier en reports, les conditions de recherche d’un accord apparaissent très incertains à présent”, prédit un diplomate européen de haut rang.

Le ministre brésilien des Affaires étrangères Celso Amorim s’est montré plus confiant vendredi, évoquant des “chances” pour un accord en 2008 en comptant pour cela sur des discussions à haut niveau prévues en avril.

Mais pour y parvenir, il faudra d’abord mettre d’accord les Européens, qui doivent adopter tout accord à l’unanimité.

Le commissaire, qui négocie au nom des 27, se heurte régulièrement à de nombreux Etats, France en tête, qui estiment avoir déjà fait suffisamment de concessions, en particulier sur la question des aides agricoles, au centre des tractations.

“Je regrette que l’Europe accepte des concessions toujours plus importantes sans rien obtenir en retour”, a déclaré samedi le président français Nicolas Sarkozy.

“Le sentiment général de tous mes collègues, c’est qu’il vaut mieux pas d’accord qu’un mauvais accord sur l’économie agricole”, avait de son côté dit son ministre de l’Agriculture Michel Barnier quelques jours plus tôt, après une réunion avec 19 de ses homologues européens.

Sept Etats membres, dont le Royaume-Uni qui soutient sans réserve le travail de M. Mandelson, avaient boycotté cette rencontre.

Le commissaire a rejeté vendredi la position de M. Barnier, estimant qu’un accord, même imparfait, serait toujours mieux que rien. “Aucun triomphe ne pourra être rapporté à la maison par les négociateurs”, a jugé M. Mandelson.

Pour parvenir à un compromis, il a appelé à saisir l’occasion des prix élevés des produits agricoles, qui fournissent des revenus supplémentaires aux exploitants.

“Cela offre aux Etats-Unis une occasion unique de réformer son système d’aide aux agriculteurs qui fausse la concurrence sans coût politique important”, a-t-il estimé.

Il a d’ailleurs insisté sur le fait que le calendrier électoral américain, avec la présidentielle en novembre prochain, poussait aussi à une décision rapide. “Le climat pour des accords commerciaux ne va pas s’améliorer avec un nouveau président américain”, a-t-il prédit.

L’UE attend en particulier des Etats-Unis des réductions de subventions aux agriculteurs “similaires” à celles qu’elle a elle-même a consenties.

M. Mandelson a également exhorté les grandes économies émergentes, comme le Brésil et l’Inde, à ouvrir davantage leurs marchés des biens industriels et des services.

Le cycle de négociations de Doha, lancé en 2001 dans la capitale du Qatar et qui aurait dû être conclu en 2004, oppose les pays en développement, qui dénoncent les subventions agricoles des pays riches, à ces derniers qui réclament en échange une baisse des barrières douanières pour les produits industriels et les services.

 29/02/2008 15:15:04 – © 2008 AFP