“Junûn” de Fadhel Jaïbi : Par-delà le talent !

Par : Autres

“Junûn” de Fadhel Jaïbi : Par-delà le talent !

Très excité à l’idée de regarder
ce film qui a fait couler beaucoup d’encre, je l’ai vu, enfin, hier, soir.
Connaissant parfaitement bien le talent de Jaïbi et Baccar, pourtant
j’étais, quelque peu, déçu par cette reproduction théâtrale et sa mise en
scène filmée à la hâte et dans un décor morbide et hideux. Je ne sais plus
où mettre cette représentation qui reste théâtrale à la base et non
cinématographique ! Lenteur, gros plans sur des personnages éméchés, excités
ou laissant dégouliner la bave horripilante de la bouche du protagoniste aux
prises avec sa démence hallucinante. Tables, autels et portes béantes
interpellent le spectateur, et le poussent à une fugue cérébrale pour
dénicher des semblants de critiques sous-jacentes de l’ordre établi.

 

Or, les répliques des acteurs le
plus souvent sont pleines de clichés et appellent des images avec hélas du
déjà vu. Cette dichotomie entre le ou la RICHE et le PAUVRE orphelin aliéné
dérange parce que stéréotypée et condamne le dément à être l’indigent
obnubilé par un père manichéiste et une mère vulgairement tatouée, qui n’a
servi qu’à procréer de vicieux enfants, victimes de leur milieu permissif
sur fond de proxénétisme atavique.

 

Les mots qui semblent être le fil
conducteur de cette trame n’ont été que des cris stridents et cacophoniques
qui les vident de toute substance. Le protagoniste a été laissé se livrer
seul à son delirium alambiqué devant la riche et belle Baccar dont les
accoutrements costumiers ont supplanté le bon mot et la bonne parole. Ceci
ne lui enlève en rien de son talent et de sa prestance digne des meilleures
actrices mondiales. Le triumvirat des magistrats ou responsable de l’hôpital
n’a eu que peu d’effet sur le déroulement des scènes et sur les actes mis en
scène autour d’un fou amoureux, haineux et imprévisible et d’une amoureuse,
silencieuse et peut-être folle, elle aussi. Les prises de vues sont
certainement faites à dessein dans un chantier délabré rien que pour l’éclat
de notre pressentiment relatif aux chantiers interminables de nos
réalisations cinématographiques encore balbutiantes.

 

Hélas !

 

Hichem Kacem

 


Réaction à l’article :
“Junûn” de Fadhel Jaïbi: Par-delà le père et la mère

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