Afrique du Sud : la première économie du continent va rationner son électricité

 
 
CPS.HYX89.210108155753.photo00.quicklook.default-245x151.jpg
La centrale nucléaire de Koeberg, en Afrique du Sud, le 18 janvier 2007

[21/01/2008 15:01:14] JOHANNESBURG (AFP) L’Afrique du Sud s’apprête à rationner l’électricité pour des années, incapable de faire face à la demande croissante de la première économie du continent.

Face à la colère suscitée par des coupures répétées, qui ont déjà causé d’énormes pertes, le gouvernement a annoncé lundi qu’il allait mettre en place des quotas de consommation et des sanctions contre les contrevenants.

Selon Nelisiwe Makubane, directrice générale adjointe du ministère de l’Energie et des Minéraux, cette réglementation, préparée avec la compagnie publique d’électricité Eskom, pourrait entrer en vigueur dans les trois mois.

“Une fois que nous aurons reçu les commentaires du public, les autorités et Eskom appliqueront ces règles qui prévoient, entre autres, des incitations à rationner la consommation et des pénalités pour s’assurer que les gens respectent leurs engagements”, a-t-elle déclaré.

Le chef de l’Etat Thabo Mbeki a reçu dimanche des responsables de la compagnie pour parler de la crise énergétique qui frappe le pays et met en danger les investissements.

Bien que les coupures affectent l’ensemble du pays depuis plusieurs semaines, sa capitale économique, Johannesburg, est la plus touchée. Et Eskom a averti qu’il serait insensé de lancer de gros projets industriels tant que la situation ne se sera pas améliorée, soit pas avant cinq ans.

“C’est une question d’offre et de demande. Ce serait irresponsable de développer maintenant des entreprises grosses consommatrices d’énergie”, a déclaré le directeur financier d’Eskom, Bongani Nqwababa, au quotidien Business Day.

Les pannes et délestages touchent toutes les activités, des usines aux feux de circulation et ont causé jusqu’à présent plus de deux milliards de rands (280 millions USD/200 millions EUR) de pertes.

“La situation réduit la compétitivité mondiale du pays en matière d’investissements, notamment parce qu’elle affecte son image de pays doté d’une électricité à bas coût”, a dénoncé le directeur de l’organisation représentative des entreprises (Busa), Jerry Vilakazi.

La principale centrale syndicale, Cosatu, membre de l’alliance gouvernementale, partage ses inquiétudes.

“C’est devenu un sérieux sujet d’embarras national et pourrait avoir un impact important sur la croissance économique et la création d’emplois”, a souligné son porte-parole, Patrick Craven.

La faute en est rejetée sur le gouvernement, le président Mbeki ayant admis le mois dernier que les demandes d’investissements formulée par Eskom avaient été rejetées pendant des années.

Les journaux reflètent la colère des Sud-Africains, The Times jugeant que “Les coupures d’électricité sont une honte nationale”, tandis que The Star souhaitait “Bienvenue au Moyen Age”.

L’opposition est montée au créneau, estimant que la suspension de projets industriels serait une catastrophe.

“Un moratoire pourrait faire dérailler un certain nombre de grands projets”, ce que l’Afrique du Sud ne peut se permettre avec un taux de chômage de près de 40%, a affirmé Hendrik Schmidt, porte-parole de l’Alliance démocratique.

Même le Congrès national africain (ANC, au pouvoir) ajoute à la pression, son comité national exécutif ayant recommendé ce week-end que “le gouvernement développe d’urgence un programme d’action national, dont le but unique soit de maintenir l’approvisionnement en électricité”.

La crise fait cependant des heureux, en particulier les installateurs de générateurs électriques.

“Ils se vendent comme des petits pains. Nous n’avons plus rien en stock, hormis ce qui est en rayon”, a déclaré McLaren Magwaza, vendeur dans un magasin d’outillage Mica, à Johannesburg.

 21/01/2008 15:01:14 – © 2008 AFP