Bâle II au secours d’une Bourse atone

Bâle II au secours d’une Bourse atone


Par Abou SARRA

La Bourse des valeurs mobilières
de Tunisie (BVMT) sera-t-elle enfin boostée par le passage des banques aux
nouvelles normes «Bâle II», dispositif prudentiel destiné à mieux
appréhender les risques bancaires et principalement le risque de crédit et
les exigences en fonds propres ?

 

Beaucoup d’observateurs avertis
sont convaincus des futures incidences positives de ce passage sur une
Bourse tunisienne, toujours atone en dépit.

 

Parmi ceux-ci, la mémoire de la
Bourse de Tunis, M. Hamza Knani, président de l’Association des
intermédiaires en bourse (AIB) qui, dans moult déclarations à la presse, n’a
pas manqué d’évoquer les avantages de ce passage à Bâle II.

 

Un comité stratégique pour le
passage à «Bâle II» tient, depuis le 10 décembre 2007, des réunions
bimensuelles pour réunir les conditions de succès à ce passage. Le comité
regroupe les premiers responsables des établissements financiers, les
représentants du Conseil du marché financier (CMF), du ministère des
Finances et de l’Ordre des experts-comptables, ainsi que des universitaires.

 

Pour mémoire, ces
normes-directives «Bâle II» ont été préparées, depuis 1998, par le Comité de
Bâle, ville de Suisse, sous l’égide de la «Banque centrale des banques
centrales» : la Banque, et ont abouti à la publication de la Directive CRD.
des Règlements Internationaux.

 

Les normes «Bâle II» devraient
remplacer les normes mises en place par Bâle I et visent notamment à la mise
en place du ratio McDonough destiné à remplacer le ratio Cooke qui date de
1988.

 

Objectivement, trois facteurs
militent en faveur du succès de ce passage des banques de la place aux
normes Bâle II :

 

Premièrement, l’entreprise
tunisienne n’a dorénavant qu’une seule alternative : soit maintenir son
architecture financière actuelle -composée pour l’essentiel de créances à
court terme, lesquelles dépassent le seuil d’endettement toléré-, soit
recourir à la Bourse et lever ses fonds propres, et partant, bénéficier de
sources de financement à long terme et à faible coût.

 

Deuxièmement, le recours à la
Bourse est plus que jamais souhaité. Car, au regard des contraintes
d’application des normes Bâle II, les banques seront tenues, dorénavant,
d’être plus prudentes en matière d’octroi de crédits, ce qui ne manquera pas
de faire reculer les interventions du secteur bancaire dans le financement
des investissements.

 

Troisièmement, la loi sur la
sécurité financière, promulguée en 2005, va assurer plus d’équité entre les
entreprises cotées et non cotées, notamment en ce qui concerne la
transparence financière et la publication des états financiers.

 

Quatrièmement, l’entrée en
vigueur du marché boursier alternatif qui a reçu pour mission d’aider les
petites et moyennes entreprises (PME) bénéficiaires du programme de mise à
niveau (PMN) à s’introduire en Bourse.

 

Ces entreprises, plombées,
jusqu’ici, par un certain nombre d’insuffisances (petitesse de la taille,
non ouverture du capital au public, fragilité due à leur création récente,
domaine d’activité peu porteur…), peuvent, désormais, grâce au marché
alternatif, bénéficier d’un financement à faible coût devant leur permettre
d’accéder plus facilement à la Bourse, d’y lever de nouvelles ressources et
de consolider, ainsi, leurs fonds propres.

 

A ce jour, une trentaine
d’entreprises industrielles ont manifesté, dans le cadre d’un programme
pilote, leur intérêt pour un recours à ce marché. Globalement, les
entreprises sélectionnées vont bénéficier des avantages du Fonds de
développement de la compétitivité (FODEC) à hauteur de 70% des coûts
d’introduction, avec un plafond de coûts ne dépassant pas les 30 mille
dinars.

 

L’objectif de ce programme pilote
vise le financement d’une cinquantaine d’entreprises à l’horizon de 2009.
Elles bénéficieront des réformes engagées pour dynamiser l’activité de la
Bourse. Parmi ces réformes, il y a lieu de citer l’assouplissement apporté
aux conditions d’accès à la cote.

 

Seule zone d’ombre : le risque du
marché alternatif est naturellement connu pour être plus élevé que celui de
la cote officielle. Les fonds de placement collectif, actuellement au nombre
de 14, sont les mieux placés pour identifier dans ce marché alternatif une
niche pour fructifier leurs investissements.

 

Dans l’ensemble, tout milite en
faveur d’un redressement de la Bourse de Tunis dont la contribution à
l’investissement national n’a pas dépassé les 8% au cours de l’année 2006 et
la capitalisation boursière ne représente que 24% du PIB tandis que le
nombre des entreprises cotées à la Bourse ne dépasse guère les 48
entreprises.

 

Objectif recherché : porter la
contribution de la Bourse à l’investissement aux alentours de 20% et faire
passer le nombre d’entreprises cotées à 100 d’ici 2009. Joli programme…