Ballotée par la marée, l’huître élevée à l’australienne arrive en France

 
 
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Jean-Marie Alfonso, ostréiculteur au Tour-du-Parc s’ affaire, le 12 décembre 2007, sur des paniers en suspensions (Photo : Frank Perry)

[25/12/2007 13:12:42] LE TOUR DU PARC (Morbihan) (AFP) Dans la rivière de Pénerf, au sud du golfe du Morbihan, des paniers remplis d’huîtres sont ballotés par la marée: l’ostréiculteur Jean-Marie Alfonso expérimente depuis peu une méthode australienne qui permet d’optimiser la croissance de ces coquillages.

Cette méthode, récemment importée du sud de l’Australie, consiste à faire croître les huîtres dans des paniers cylindriques, généralement accrochés à des filins amovibles fixés sur des piquets.

Les coquillages, moins serrés que dans les poches grillagées traditionnelles fixées sur des tables, se nettoient naturellement en roulant les uns sur les autres au gré du vent ou des courants, explique M. Alfonso.

Gain de temps de travail, croissance plus rapide des huîtres et plus grand respect de l’environnement sont les atouts majeurs affichés par les promoteurs de cette méthode.

“Le travail de l’ostréiculteur est optimisé: d’un seul coup de main, il peut placer les paniers plus haut ou plus bas, selon qu’il souhaite faire +pousser+ l’huître en coquille ou en chair. La croissance du coquillage est aussi plus homogène et il y a moins de pertes”, assure M. Alfonso qui a reçu en septembre des Affaires maritimes l’autorisation de tester le système pendant six mois.

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Jean-Marie Alfonso, ostréiculteur au Tour-du-Parc, le 12 décembre 2007 (Photo : Frank Perry)

L’ostréiculteur possède déjà deux lignes de 36 mètres portant 80 paniers qui contiendront à terme une soixantaine d’huîtres chacun (contre 180 dans une poche traditionnelle).

La densité de production est certes “moindre à l’hectare” et l’installation deux fois plus chère que les poches traditionnelles, reconnaît Patrick Drevici, représentant en France de Seapa, l’une des entreprises australiennes qui commercialisent le système. “Mais le producteur s’y retrouve car la croissance est plus rapide qu’avec le système français: deux ans au lieu de trois”.

Pour la direction départementale des Affaires maritimes, ce nouveau type d’installation pourrait constituer –si les autres usagers des plans d’eau concernés, les plaisanciers essentiellement, n’y voient pas d’objection– une solution d’avenir pour l’extension des parcs ostréicoles qui arrivent aujourd’hui à saturation.

“Le système est en effet adaptable en eau plus profonde, sur des zones qui se découvrent peu à marée basse, car la manutention est rapide et facile”, souligne Yann Dumont, contrôleur des cultures marines.

L’Institut français de l’exploitation des ressources de la mer doit encore se prononcer sur l’impact environnemental du système, mais selon M. Drevici celui-ci permet “au milieu de retrouver son état originel”. “La lumière passe mieux, il y a moins d’envasement, les herbiers repoussent”, témoigne-t-il.

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Jean-Marie Alfonso, ostréiculteur au Tour-du-Parc (Photo : Frank Perry)

L’expérience menée par M. Alfonso semble déjà faire des émules. Selon Yann Dumont, quatre autres ostréiculteurs morbihannais se sont renseignés auprès des Affaires maritimes sur les autorisations à obtenir pour pouvoir implanter ce système venu des antipodes.

Deux autres entreprises proposent également des systèmes similaires, qui font depuis trois ans l’objet de tests en France.

Si bien que, pour le Nouvel An, le consommateur français pourrait bien manger des huîtres élevées à l’australienne… sans le savoir.

 25/12/2007 13:12:42 – © 2007 AFP