En plein “subprime”, le PDG de Goldman Sachs touche un bonus 2007 record

 
 
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Siège de Morgan Stanley à New York (Photo : Mario Tama)

[22/12/2007 17:20:09] NEW YORK, 22 déc 2007 (AFP) Le PDG de Goldman Sachs a touché un bonus de fin d’année de près de 68 millions de dollars, un record à Wall Street, qui frappe d’autant plus que les rivales de la banque américaine peinent à se dépêtrer de la crise des “subprimes”.

Lloyd Blankfein, 53 ans, a reçu 26,8 millions de dollars en cash et 41,1 millions en actions et autres compensations, selon des informations transmises par Goldman Sachs au régulateur boursier SEC.

Cette traditionnelle prime de fin d’anée à Wall Street s’ajoute au salaire annuel du PDG, qui atteint les 600.000 dollars.

Cette récompense survient alors que Goldman Sachs a fait état cette semaine de résultats records pour 2007, une année qui s’annonce pourtant noire pour le reste du secteur bancaire américain avec entre 100 et 130 milliards de dollars de pertes liées à la crise des crédits hypothécaires à risques, dite des “subprimes” pour l’ensemble du secteur aux Etats-Unis, selon les analystes de Deutsche Bank.

Dans ce contexte, Goldman Sachs a affiché un bond de 22%, à 11,6 milliards de dollars. La banque a aussi souligné sa très faible exposition aux placements liés aux subprimes: 400 millions de dollars.

Le bonus de M. Blankfein est un record absolu pour Wall Street, et frappe d’autant plus que plusieurs établissement financiers, asséchés par les milliards de dollars de pertes accusées dans les placements obligataires liés au crédits hypothécaires à risques, ont eux carrément coupé à la tradition des bonus cette année.

Notamment, les PDG de Morgan Stanley et de Bear Stearns ont pris acte des pertes plus lourdes que prévu de leurs groupes en ne percevant pas les compensations de fin d’année. Ces patrons n’ont empoché “que” leurs salaires annuels, de respectivement 800.000 et 250.000 dollars.

Ces deux banques ont également publié leurs résultats cette semaine, et l’annonce que les PDG étaient “privés” de bonus a d’ailleurs été perçue par plusieurs analystes comme une piètre compensation pour les mauvaises performances financières.

Morgan Stanley, l’un des principaux établissements de la finance new-yorkaise, a déprécié la somme colossale de 9,4 milliards de dollars à cause de sa trop grande exposition aux subprimes, ce sur le seul 4e trimestre, et a vu son bénéfice annuel fondre de plus de moitié. Quant à Bear Stearns, le groupe a publié la première perte nette de son histoire.

D’autres établissements de Wall Street ont eu beaucoup moins d’états d’âme avec leurs PDG, alors que tous ces groupes ont chèrement payé le prix d’une trop grande gourmandise pour les produits financiers à risques adossés à des subprimes, présentant en théorie de hauts rendements, c’est-à-dire des plus-values d’autant plus élevées que le risque est important.

Stan O’Neal, PDG de Merrill Lynch, a été poussé vers la sortie après des résultats désastreux au 3e trimestre, dont des dépréciations de 8 milliards de dollars à cause d’une trop forte exposition aux subprimes, un montant record pour la banque.

Une semaine après l’éviction de M. O’Neal, Citigroup, premier établissement bancaire américain, annonçait le départ de son PDG Charles Prince au titre des pertes massives associées aux subprimes, qui pourraient aller jusqu’à 14 milliards de dollars pour les 3e et 4e trimestres cumulés.

Face à la débâcle du secteur, Goldman Sachs fait même partie des acteurs qui ont fait de bonnes affaires avec la crise.

Selon la presse américaine, Goldman Sachs a gagné gros en misant son propre argent sur la dépréciation à venir des obligations adossées à des créances hypothécaires à risques, tout en plaçant encore l’argent de ses clients dans ce genre de produits.

 22/12/2007 17:20:09 – © 2007 AFP