« La porte la mieux fermée, est celle que l’on peut laisser ouverte »

Par : Autres
« La porte la mieux fermée, est celle que l’on peut laisser ouverte »

jentreprises_011207.jpgEn marge des Journées de
l’Entreprise : L’Entreprise Maghrébine et l’Asie : Défis et Opportunités «
La porte la mieux fermée, est celle que l’on peut laisser ouverte » Proverbe
chinois C’est l’Empire du Milieu qui était au centre des interventions des
éminentes personnalités et des officiels lors des houleuses sessions de ces
journées de l’Entreprise, voire de l’entrepreneuriat dont l’apport pour
notre pays n’est plus à démontrer. Appréhension ou hardiesse, c’est cette
dichotomie qui a prévalu dans les discours vacillant entre alarmisme et
optimisme.

 

La seule réalité est que la Chine n’est plus cet ogre sommeillant au loin de
nos frontières, mais celui de l’incontournable partenaire, adversaire,
concurrent ou associé désiré ou indésirable qui s’impose sur la scène
internationale et exige le respect à la fois des pays développés et des en
voie de développement ! Point n’est nécessaire d’aller visiter ce pays des
paradoxes résolument décidé à relever les défis les plus ardus.

 

Les Chinois avec leur « made in China » sont chez-nous depuis des lustres et
remplissent abondamment nos cuisines, nos garde-robes, nos salons, nos murs,
nos bureaux et même nos poches par des produits divers, équipements,
matériels, outillages, etc. Cette conquête tranquille à la chinoise des
foyers, des industries, de la bureautique et j’en passe, a certainement obéi
à une stratégie de longue haleine que la globalisation n’a fait
qu’exacerber.

 

Cette poussée spectaculaire chinoise s’exerce tous azimuts sur tous les pays
du monde et n’épargne certainement pas la première puissance économique qui
a déjà tremblé devant quelque OPA sur son propre sol ! Force est de
constater que cette nouvelle donne n’est en réalité qu’un retour à un ordre
naturel des choses, puisque nous avons tendance à oublier que la Chine est
membre permanent du Conseil de Sécurité (depuis 1945 ) et fut l’une des plus
grandes puissances d’Asie.

 

Rétrospectivement, l’Europe, depuis 1840, s’intéressait aux pays du soleil
levant avec une volonté britannique de commercer particulièrement avec la
Chine en accentuant ses exportations d’opium par exemple… La guerre contre
l’illégalité de l’opium précipita la défaite chinoise… Les États-Unis et le
Japon à l’affût, décrochèrent des petites concessions de moindre importance
que Hong Kong, territoire revenu aux Britanniques (1842) avec au passage la
prise graduelle d’autres territoires côtiers pour une concession de 99 ans ;
bail révisable selon le bon vouloir du Prince et en fonction de la situation
mondiale incertaine d’alors.

 

L’inexorabilité du réveil de la Chine, malgré les vicissitudes endurées tout
au long des périodes d’adversité avec son voisin le Japon , aux visées
annexionnistes, était curieusement rendu possible par la capitulation de
l’État nippon (1945), la fuite du dernier Empereur et l’avènement de «
l’empereur » communiste Mao Zedong. Une recrudescence d’évènements
socioculturels matérialisée par des slogans qui sonnaient comme des
paradigmes de développement endogènes étonnant pour un pays jugé autarcique
: « Grand Bond en avant » (1958, l’objectif était de dépasser la G.B en 15
ans !), «Révolution culturelle» (1966), l’objectif était de mobiliser la
jeunesse contre les hiérarques), tentative de prise du pouvoir par la «
Bande des Quatre » ; dont la femme du « Grand Timonier »… Cette ébullition
interne, entachée cependant par de l’influence externe, a débouché sur de
grandes orientations économiques en rapport avec l’aspect culturel du pays
qui, même au détriment de quelques principes fondamentaux de démocratie,
d’éthique et de morale, a réussi à se mettre solidement sur le long chemin
de l’économie de marché (1992) : en septembre 1997, le président Jiang Zemin
annonça officiellement la privatisation quoique mesurée des entreprises
d’État et la relance de plusieurs réformes économiques visant à résister à
la concurrence internationale.

 

L’administration chinoise a subi de plein fouet une restructuration en vue
de dégraisser son « mammouth » et balayer, sans ménagement, l’immobilisme de
ses apparatchiks. En rétablissant avec brio sa souveraineté sur le
territoire de Hong Kong (juillet 97), après un siècle et demi de domination
britannique, la Chine acceptait de donner une réelle liberté d’action aux
responsables locaux, hormis les commandes des Affaires étrangères et de la
Défense, ce qui confirme sa détermination à aller de l’avant et mettre en
branle sa puissance économique expansionniste. Au mois de septembre 2001,
après plus de dix années de tergiversations, la Chine est entrée à l’OMC.
Ses entreprises s’étaient bien réorganisées entre-temps pour réussir cette
ouverture qui permit au Goliath chinois de commercer avec le reste du monde…

 

Ce récapitulatif, même laconique, semble être indispensable pour nous
permettre de comprendre que le développement économique est loin d’être le
fruit du hasard. Il ne peut être que la conséquence d’une détermination
populaire, conjuguée avec une clarté décisionnelle politique bienfaitrice.
En définitive, les crises, les digressions et les régressions dictent
souvent une remise en question globale des politiques engagées par des
gouvernants avertis et nantis d’une vision futuriste, d’un rêve porteur
d’espoir pour une population dont seule l’évocation du nombre allèche les
entrepreneurs des quatre coins du monde, qui espèrent accéder à une miette
d’échange commercial sur un marché où le raisonnement classique n’est pas de
vigueur ! Évidemment, 1% du marché chinois dépasse un pays comme le nôtre
tant les dimensions, repères et statistiques conventionnels sont limités
quand on invoque l’Ogre du Milieu !

 

Chercher la confrontation avec ce pays serait un pur suicide économique.
L’ignorer serait une pure cécité stratégique. L’accompagner dans son élan de
« destroyer » et lui servir de tremplin pour qu’il accède plus facilement à
des pays européens de proximité est la seule et unique voie de notre salut
économique à brève et à longue échéance. Comme nous n’avons ni de Centrales
Nucléaires à lui offrir, ni des TGV à lui proposer ni encore des produits
fossiles à profusion à lui soumettre, il incombe à nos entrepreneurs de lui
suggérer notre Know-how, nos services et nos plates-formes logistiques
maritimes à réaménager ou à accroître dans un temps record, conformément à
un plan directeur d’urgence ! Chercher encore si la Chine doit faire peur
aux Maghrébins, constituerait une autre grande échéance de perdue après
celle où l’Asie du sud-est marquait des points fatalement à notre détriment.

 

La boutade des années 80 qui nous prévenait de « ne jamais tenter de
rattraper un Japonais qui court, mais de nous préparer à lui lancer un défi
pour une prochaine compétition » est tombée en désuétude parce que nos
armures n’étaient pas capables de nous propulser vers une logique de défi
inter maghrébin ou de nous guider à finaliser notre Grand Maghreb, souffrant
encore du syndrome de l’individualisme archaïque. Cette nouvelle échéance
n’est plus à nos portes, mais elle s’est invitée dans nos foyers, comme pour
nous pousser à une réaction d’amour-propre qui excitera nos chevaux de
pur-sang, arabes sommeillant en nous, par manque de lucidité et de
clairvoyance socio-économiques et/ou géopolitiques !

 

Nos modèles de développements calqués sur l’occident prônant le libéralisme,
quand bien même socialisant, ont permis certes de progresser, mais à un
rythme faible. L’écart entre nous et nos voisins européens est resté le même
(rapport de 1 à 10 en terme de PIB/H) ce qui nous suffirait à renoncer à
cette orthodoxie qui est loi d’être la panacée, tant miroitée.

 

La Chine communiste a démontré sa propension et son adaptation à l’économie
de marché sans rupture avec ses principes de base. A l’évidence, son
redéploiement original allie libéralisme et communautarisme et expose une
autre voie micro et macroéconomique de développement qui n’a rien à envier
aux paradigmes d’emprunt connus jusqu’alors… Notre réveil n’est plus
aujourd’hui un choix mais un diktat, si nous voulons ensemble sauver nos
générations futures et leur éviter encore une fois un rôle de spectateurs
dans un monde de plus en plus globalisé et dépendant de protagonistes
chevronnés.

 

La fatalité est un vain mot qui détruit toutes les velléités de
surpassement. Nous avons les capacités de réagir et de reprendre notre
destin en mains pour peu que nous puissions établir une stratégie maghrébine
commune sur fond de spécialité par pays en évitant toute concurrence interne
néfaste et fragilisante.

 

Commençons sans plus tarder à annihiler nos barrières physiques et
psychologiques et regardons ensemble la Chine comme un gros client qui a des
besoins énormes à satisfaire. Charge à nous de décomplexer nos aptitudes à
chercher les services qui répondraient aux attentes de nos acquéreurs
potentiels dans les secteurs suivants : l’agriculture, le tourisme,
l’artisanat, le culinaire, le conseil managérial, la formation ciblée,
l’enseignement, le pilotage d’avion civil, la médecine, la chirurgie, le
thermalisme, etc.

 

En même temps, des alliances tactiques peuvent voir le jour avec d’autres
pays de tailles inférieures à la Chine (sans compter l’Inde et le Pakistan
qui attisent déjà le déploiement des pays les plus puissants de l’occident)
mais à l’avenir radieux dont nous pourront scruter avec grand intérêt les
marchés : l’Afrique, l’Australie (pourquoi pas ? !) et/ou nos contrées
arabes du Moyen Orient…

 

Nous suggérons d’ores et déjà à nos amis de l’Institut Arabe des Chefs
d’Entreprises (IACE) d’être, encore une fois, le relais d’idées entre les
entreprises, qu’elles soient maghrébines ou locales, et les marchés
potentiellement porteurs de projets envisageables .

 

Le concept de coopération Sud-Sud de proximité ou de voisinage est
aujourd’hui obsolète parce que là aussi la vision mondialiste nous exhorte à
développer une veille économique sérieuse qui affûtera nos choix de marchés
dans lesquels nous seront capables de parvenir à des accords commerciaux
durables dans des niches, dénichées dans le reste du monde.

 

Les forces vives de nos pays du Maghreb peuvent et doivent s’unir en vue de
sceller leurs forces entreprenantes pour un noble objectif ou un rêve
dépassant nos frontières figées : devenir une puissance économique régionale
ou mondiale reconnue par son innovation, son ouverture, sa cohérence et sa
crédibilité à l’horizon de 2030 avec un PIB / H de 30.000$. « Le rêve est le
commencement de la gloire parce qu’ennemi de la fatalité ! »


 H.K.