Eiffage : départ surprise du DG Benoît Heitz, M. Roverato redevient PDG

 
 
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Jean-François Roverato (d) et Benoit Heitz (g) lors d’une conférence de presse à Paris, le 18 avril 2007 (Photo : Eric Piermont)

[07/12/2007 17:02:59] PARIS (AFP) Jean-François Roverato est redevenu président directeur général d’Eiffage, après le départ surprise de son dauphin Benoît Heitz, directeur général, a annoncé vendredi le groupe français de BTP dans un communiqué.

De source proche du dossier, M. Heitz “quitte le groupe”.

Interrogé par l’AFP, le groupe s’est refusé à tout commentaire.

M. Roverato, jusqu’à présent président d’Eiffage, a été nommé PDG vendredi par le conseil d’administration, après la remise, par M. Heitz, de ses mandats d’administrateur et de directeur général, “pour convenance personnelle”, précise le communiqué.

“Il n’y a aucun grief personnel” entre MM. Roverato et Heitz, qui ont “toujours travaillé ensemble depuis des années”, a assuré vendredi une autre source proche du dossier. M. Roverato avait “choisi son dauphin pour lui succéder”, a-t-on souligné.

En l’absence d’un autre dauphin désigné, M. Roverato n’avait donc pas d’autre choix que de reprendre les rênes du groupe.

Agé de 63 ans, il a déjà été pendant 20 ans, de 1987 à 2007, le PDG du numéro trois français du BTP, avant de passer la main en avril à Benoît Heitz, et de garder la présidence du conseil d’administration.

Polytechnicien et ingénieur, Jean-François Roverato a fait toute sa carrière dans le BTP. Il a été successivement directeur général de Fougerolle Construction puis de Fougerolle International, avant de devenir PDG du groupe Fougerolle en 1987, devenu Eiffage.

Sa très forte personnalité tranche avec l’extrême discrétion de M. Heitz.

Celui-ci, 43 ans, ingénieur des Ponts et Chaussées, a fait chez Eiffage un parcours sans faute, en redressant notamment les filiales polonaise et allemande. Il avait pris en 2004 la direction Europe d’Eiffage et, un an plus tard, la direction opérationnelle du groupe.

Dans le communiqué diffusé vendredi, le conseil d’administration l’a “remercié pour les tâches accomplies pendant 20 ans dans le groupe et particulièrement les impulsions données depuis deux ans dans les domaines du développement durable, de la croissance en Europe et de l’unification des marques et des systèmes de gestion”.

Les syndicats ont réagi en appelant “à boycotter toute participation à des réunions” au sein du groupe tant qu’il n’y aura pas d’explication à ce départ surprise, qu’ils ont interprété comme un “limogeage” de M. Heitz.

L’association de petits actionnaires Appac a quant à elle dit son “étonnement” et prévenu qu’elle “s’assurera que cette démission se fera sans parachute doré ou autre avantage”.

Rien ne laissait présager un départ de M. Heitz lors de sa dernière apparition publique avec M. Roverato le 23 novembre, à l’occasion de la fin du percement du deuxième tunnel sous les Pyrénées, par lequel passera la ligne ferroviaire grande vitesse (LGV) Perpignan-Figueras.

Par ailleurs, Eiffage est dans l’attente du dénouement de plusieurs procédures judiciaires qui l’opposent à son concurrent espagnol Sacyr Vallehermoso, désireux de prendre son contrôle.

Lors de la dernière assemblée générale, en avril, Eiffage avait privé de droits de vote une partie des autres actionnaires espagnols, les accusant d’agir de concert.

En riposte, Sacyr a lancé une offre d’échange sur Eiffage, mais le français veut le forcer à lancer une offre d’achat, beaucoup plus coûteuse. L’Autorité des marchés financiers (AMF) française lui a donné raison.

Dans ce contexte, le PDG de Sacyr, Luis del Rivero, a évoqué à la mi-novembre la possibilité d’une cession des 33,2% du capital d’Eiffage qu’il détient.

Vendredi, l’action du français a clôturé en hausse de 0,46% à 76,51 euros, dans un marché parisien en progression de 0,78%.

 07/12/2007 17:02:59 – © 2007 AFP