Des questions sur GDF Suez, finalement fiancés mais pas encore mariés

 
 
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Le PDG de Suez Gérard Mestrallet (g) et celui de Gaz de France Jean-François Cirelli le 3 septembre 2007 à Paris (Photo : Pierre Verdy)

[09/09/2007 09:09:18] PARIS (AFP) Des questions demeurent sur le projet de fusion entre GDF et Suez, qui ont été soudainement fiancés lundi, au terme d’âpres négociations avec l’Elysée et d’un feuilleton de dix-huit mois, mais dont le mariage ne sera célébré qu’en 2008.

La nouvelle fusion, annoncée lundi par les deux groupes privé Suez et public GDF, n’aura lieu qu’au “premier semestre 2008”. La nouveauté par rapport au précédent schéma est que Suez se sépare de sa branche environnement.

Dans ce projet, l’Etat obtient de conserver une minorité de blocage et le non versement d’un dividende exceptionnel aux actionnaires de Suez, un geste qui aurait été mal perçu politiquement, mais concède de privatiser GDF.

Suez de son côté accepte de mettre en Bourse ses activités dans l’eau et les déchets, mais obtient d’en conserver le contrôle.

Une inconnue du mariage réside dans la marge de manoeuvre des Etats français et belge dans le nouveau groupe privé.

Le vrai patron “est à l’Elysée”, assurait mercredi un actionnaire minoritaire de Suez, le fonds d’investissement Knight Vinke.

Mais pour la CGT, opposée comme les autres syndicats à une privatisation de GDF, le fait que l’Etat français soit premier actionnaire, avec une minorité de blocage de 35,6%, “ne lui permettra nullement de piloter l’entreprise” dans un secteur pourtant “stratégique”.

L’Etat belge de son côté s’est inquiété de son droit de regard au sein du nouvel ensemble, qui hérite de sept centrales nucléaires belges détenues par Suez.

Alors que Suez s’était engagé à réserver à l’Etat belge une action préférentielle (“golden share”), un ministre belge a évoqué jeudi la “piste” d’un commissaire du gouvernement dans les instances du groupe.

Une autre question porte sur les termes de l’échange de la fusion, qui dépendent de la valorisation du pôle environnement par les investisseurs lors de sa mise en Bourse.

Les actionnaires de Suez doivent en effet récupérer 65% de ce pôle, outre l’échange d’une action Suez contre 0,9545 action GDF.

Les investisseurs ont sanctionné en début de semaine un “manque de clarté” sur la valeur de ce pôle, faisant chuter les actions Suez et GDF en Bourse.

Les syndicats voient dans cette opération un “démantèlement” de Suez. A l’inverse, l’actionnaire Knight Vinke ou le parti politique Nouveau centre ont déploré que le pôle ne soit pas “totalement” mis sur le marché.

L’avenir des activités que les deux groupes céderont pour répondre aux exigences de la Commission européenne en terme de concurrence est un autre point en suspens.

L’italien Enel, qui avait songé à un temps à racheter Suez, convoiterait des centrales nucléaires en Belgique. L’électricien français EDF, premier rival du nouveau groupe en France, s’est dit “absolument” intéressé par Distrigaz, filiale gazière belge de Suez.

Les syndicats pour leur part se sont inquiétés du sort des salariés des deux groupes, particulièrement des 57.000 personnes employées par Suez Environnement et des salariés encore communs à GDF et EDF. Selon les patrons de Suez et GDF, la fusion n’entraînera “aucune suppression d’emploi”.

Des associations de consommateurs ont manifesté leur crainte d’une hausse des prix du gaz et d’un abandon des prix régulés (fixés par l’Etat), alors que le marché de l’énergie est totalement ouvert à la concurrence depuis le 1er juillet.

Reste aussi à savoir ce que la Commission européenne dira de ce nouveau géant, alors qu’elle doit faire des propositions à la mi-septembre visant à séparer les fournisseurs d’énergie de leurs réseaux de transport pour renforcer la concurrence.

 09/09/2007 09:09:18 – © 2007 AFP