Mystère et controverse autour de l’ultime journée d’enchères Ioukos

 
 
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Enseigne d’une station-service Ioukos à Moscou (Photo : Maxim Marmur)

[15/08/2007 15:50:59] MOSCOU (AFP) La filiale néerlandaise du groupe russe Ioukos, l’ex-empire pétrolier de Mikhaïl Khodorkovski, a été cédée mercredi aux enchères dans un climat alourdi par la controverse juridique et le halo de mystère qui entoure l’identité de ses acquéreurs.

Il s’agissait de l’ultime journée d’enchères des actifs de l’ancien numéro un du pétrole, a indiqué le porte-parole du liquidateur de Ioukos, Nikolaï Lachkevitch. La procédure de faillite devrait toutefois encore durer quelques mois, le temps de satisfaire aux revendications de ses créanciers.

Le groupe public Rosneft, qui s’était déjà adjugé la part du lion lors des précédentes ventes des biens de Ioukos, s’est une nouvelle fois imposé comme le principal protagoniste de la journée.

La société Promneftstroï, présentée initialement comme sa filiale, a remporté pour 224 millions d’euros, dès le premier tour d’enchères, le premier des deux lots mis en vente, c’est-à-dire la société de droit néerlandais Ioukos Finance, qui contrôle les avoirs de Ioukos à l’étranger.

Cette vente est contestée depuis des mois par la direction même de Ioukos Finance, et celle-ci a réaffirmé mercredi depuis les Pays-Bas que cette vente était “illégale” en l’absence d’un accord entre la Russie et les Pays-Bas au sujet des problèmes de faillite.

Puis, nouveau rebondissement, la mystérieuse société Monte-Valle a révélé quelques minutes après les enchères qu’elle était le véritable propriétaire de Promneftstroï, racheté à Rosneft juste avant les enchères, selon les agences russes.

Le lot vendu dans l’après-midi, qui rassemblait les titres de créances de Ioukos, a en revanche bel et bien été acquis par Rosneft pour 332 M EUR, là encore dès sa première offre.

Pour Valery Nesterov, analyste de la société d’investissement Troïka Dialog, le bilan de cette journée est très positif pour Rosneft.

Le principal atout de Ioukos Finance est sa part de 49% dans la société slovaque d’oléoducs Transpetrol: mais Rosneft selon lui “n’avait pas très envie de payer 300 millions USD pour des actifs risqués et pas essentiels à (son) développement”. Plusieurs autres procédures judiciaires suivent actuellement leur cours aux Pays-Bas et auprès de la Cour européenne des Droits de l’Homme.

En revanche, estime l’analyste, il était “politiquement nécessaire que la vente de Ioukos soit menée jusqu’au bout et cet objectif politique a été atteint”.

Konstantin Batounine, analyste de la banque Alfa, est aussi d’avis que “Rosneft ne voulait pas apparaître comme le responsable de la chute finale de Ioukos” en remportant cette enchère.

Quant aux créances vendues l’après-midi, elles vont sensiblement “faciliter sa comptabilité financière”, puisqu’il s’agissait de dettes de Rosneft elle-même et d’autres sociétés qu’elle a acquises depuis envers Ioukos, et qu’elle va pouvoir désormais facilement effacer de son bilan, a expliqué M. Nesterov.

Une page “cruciale” du développement de Rosneft se tourne avec l’achèvement du démantèlement de Ioukos, note-t-il.

Le groupe public, souvent présenté comme le bras armé du Kremlin, va désormais pouvoir “se concentrer totalement sur son avenir et reformuler sa stratégie à long terme” en faisant le tri puis en intégrant ses nouvelles acquisitions, souligne-t-il.

Il pourra ainsi améliorer sa performance financière, pour l’heure plutôt moins bonne que celle de ses concurrents russes comme Loukoïl et s’efforcer de dégonfler son énorme dette de près de 30 milliards de dollars, conclut-il.

 15/08/2007 15:50:59 – © 2007 AFP