Fonds d’investissement : la Confédération syndicale internationale demande plus de transparence

 
 
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Le secrétaire général de la Confédération syndicale internationale (CSI) Guy Ryder, le 15 mai 2007 à Paris (Photo : Pierre Verdy)

[22/06/2007 13:07:43] PARIS (AFP) La Confédération syndicale internationale (CSI) presse les gouvernements d’imposer la transparence et une taxation des fonds d’investissement pour mettre un terme au “capitalisme casino”, alors que le débat sur le pouvoir des “hedge funds” s’emballe dans les pays anglo-saxons.

La CSI – basée à Bruxelles et représentant 168 millions de salariés de 304 syndicats nationaux dans 153 pays – a livré vendredi un rapport intitulé “Quand la banque gagne à tous les coups: fonds à capital-risque et fonds spéculatifs – Le nouveau capitalisme de casino”, où elle alerte sur la “financiarisation” de l’économie.

Comparant les fonds d’investissement à un “vol de sauterelles” s’abattant sur les entreprises, à “des termites” qui “détruisent tout sur leur passage”, la CSI affirme que “la question n’est pas de savoir +si+ la vague va s’écraser mais +quand+ et +comment+”.

Le gigantisme des achats bat récemment tous les records. Les fonds américains KKR et Texas Pacific Group (TPG) ont, avec plusieurs banques d’affaires, racheté aux Etats-Unis le groupe d’énergie TXU pour plus de 44 milliards de dollars.

Les rachats effectués par des fonds ou banques d’affaires ont représenté au total 527 milliards de dollars dans le monde au premier semestre – 21% du total des fusions-acquisitions d’entreprise.

Une emprise croissante qui alarme au-delà des syndicats, le directeur du Fonds monétaire international, Rodrigo Rato, ayant fait part de son inquiétude, et le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet. Deux sénateurs américains ont présenté un projet de loi pour taxer les fonds comme les autres entreprises.

Dans son rapport, la CSI s’inquiète que les “fonds de pension placent leur argent” dans les fonds d’investissement et que “de plus en plus de travailleurs” soient “employés par des entreprises appartenant à ces fonds”.

L’éclatement de la “bulle financière” mettrait à mal le paiement des retraites et entraînerait “la perte de centaines de milliers d’emploi dans le monde”, alerte le syndicat.

La CSI souligne en outre que “la culture managériale” des fonds “tend à réduire les coûts au maximum”, évoquant “pression vers le bas sur les salaires, prestations et conditions de travail, refus d’engager des négociations collectives et harcèlement” contre les syndiqués.

“Peu après l’acquisition de la UK Automobile Association (AA) par (le fonds) CVC and Permira en 2004, les effectifs sont passés de plus de 10.000 à 7.000 employés” et “l’acquisition de Gate Gourmet par TPG a été suivie d’une réduction des effectifs de 26.000 à 22.000 employés”, illustre le syndicat.

“Une régulation stricte est nécessaire” mais les fonds “ne réussiront jamais à s’autoréguler adéquatement” et “seule une régulation gouvernementale est capable de maîtriser” leur développement erratique, martèle la CSI.

Pour garantir la transparence, elle propose l’instauration “de normes minimales en matière de reddition de comptes” pour garantir la protection des consommateurs.

Rappelant que des gouvernements pourraient “perdre jusqu’au quart de leurs revenus d’impôt sur les sociétés si on permet aux fonds de continuer à croître”, elle propose une nouvelle “réglementation fiscale”.

En terme de “gouvernance d’entreprise”, elle prône de reconsidérer “la responsabilité et les pouvoirs des conseils d’administration pour sauvegarder les intérêts à long terme des entreprises” rachetées par les fonds.

Les travailleurs doivent enfin avoir droit “à la négociation collective, l’information, la consultation et la représentation sur les lieux de travail” des sociétés propriétés des fonds.

 22/06/2007 13:07:43 – © 2007 AFP