Nouveau coup dur pour Deutsche Telekom avec la démission d’un dirigeant

 
 
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Lothar Pauly le 8 juin 2005 à Chicago (Photo : Scott Olson)

[31/05/2007 18:17:56] BERLIN (AFP) Deutsche Telekom va se séparer du patron de sa filiale de services aux entreprises, qui pourrait avoir trempé dans un scandale de corruption chez Siemens, un nouveau coup dur pour l’opérateur allemand enlisé dans une grève dure et éclaboussé par une affaire de dopage dans le cyclisme.

Lothar Pauly, patron de T-Systems, la filiale de services aux entreprises de Deutsche Telekom et membre du directoire en charge de la production et des achats, a remis sa démission jeudi au conseil de surveillance, a indiqué le groupe dans un bref communiqué, sans donner plus de précisions.

Selon une information du magazine Focus Online, il a été poussé vers la sortie par le président du directoire de Telekom René Obermann, qui lui reproche les mauvais résultats de T-Systems, pour qui il recherche un partenaire stratégique.

Mais surtout, M. Pauly, en tant qu’ancien responsable des télécommunications chez Siemens, a difficilement pu ignorer le système de caisses noires mis en place par le conglomérat pour gagner des contrats à l’étranger, affirme le magazine allemand, en se référant à une enquête en cours.

Depuis son entrée en fonction en novembre dernier, le jeune patron de Telekom, 44 ans, s’est en effet lancé dans une politique d’économie et de restructuration. Le groupe souffre d’une concurrence acerbe dans la téléphonie fixe en Allemagne : 2 millions de clients l’ont déserté l’an passé et l’hémorragie se poursuit.

L’une des mesures phares de M. Obermann est l’externalisation de 50.000 salariés dans une nouvelle filiale de services aux clients privés au 1er juillet. Au sein de T-Service, ils travailleront 4 heures de plus par semaine pour 9% de salaire en moins, en contrepartie d’une garantie de l’emploi jusqu’en 2011.

La mesure se heurte à l’opposition farouche du syndicat des services Verdi, qui a lancé une grève dure depuis près de trois semaines et s’est dit déterminé à poursuivre le mouvement jusqu’à la fin de l’année si nécessaire.

Témoin des difficultés des anciens monopoles depuis la libéralisation du secteur, France Telecom fait aussi face à la grogne de ses salariés, dont le quart faisait grève jeudi pour protester contre 22.000 suppressions d’emplois.

Pour redresser la barre, l’entreprise bonnoise a par ailleurs décidé de passer à l’offensive en réduisant le prix de ses abonnements combinés téléphonie-internet. Elle veut aussi croître à l’étranger dans la téléphonie mobile, son point fort, et on parle d’elle dans la presse comme candidate au rachat de la filiale Orange de France Telecom au Pays-Bas.

Pour le magazine Focus Online, le “limogeage” de Lothar Pauly est aussi un moyen pour René Obermann d’asseoir son autorité et de montrer à Verdi et à ses actionnaires, dont l’Etat qui détient encore 32% du groupe, qu’il ne cèdera pas aux pressions.

Comme si tout cela ne suffisait pas, plusieurs membres de l’équipe cycliste du groupe, T-Mobile (ex-Telekom), ont récemment avoué s’être dopé à l’EPO, notamment le vice-champion du monde allemand Erik Zabel et le vainqueur danois du Tour de France 1996 Bjarne Riis.

Des aveux au goût amer dans un pays passionné de petite reine, qui se prépare désormais à faire tomber de son piédestal l’ancien héros Jan Ullrich, seul vainqueur allemand de la Grande Boucle en 1997 avec l’équipe Telekom et qui n’a encore rien avoué.

 31/05/2007 18:17:56 – © 2007 AFP